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La GUERRE FROIDE 1947 1962

LA GUERRE FROIDE DE 1945 A 1962 La division de l'Europe Du 28 novembre au 2 décembre 1943, la Conférence de Téhéran est la première rencontre au sommet entre Winston Churchill, Joseph Staline et Franklin D. Roosevelt. Elle trace les grandes lignes de la politique internationale de l'après-guerre. Les dirigeants parlent notamment du débarquement en Normandie, alors fixé au 1er mai 1944, du sort de l'Allemagne et de son éventuel démembrement ainsi que de l'organisation du monde au lendemain du conflit. Ils décident de confier l'étude de la question allemande à une Commission consultative européenne. Lors de la Conférence de Yalta (Crimée), du 4 au 11 février 1945, ces mêmes dirigeants règlent le sort de l'Europe désormais libérée du nazisme. Ils s'entendent tout d'abord sur les modalités d'occupation de l'Allemagne. Même si la France ne participe pas à la conférence, elle reçoit une zone d'occupation en Allemagne en partie prélevée sur celles du Royaume-Uni et des Etats-Unis. Ils adoptent aussi le principe d'un démembrement du territoire allemand. En ce qui concerne la Pologne, ils se mettent d'accord sur de nouvelles frontières. Le pays connaît un glissement vers l'Ouest en perdant des territoires à l'Est au profit de l'Union soviétique et en gagnant au contraire des provinces de l'Allemagne orientale, ce qui implique le transfert de plusieurs millions d'Allemands. Les trois chefs d'Etat signent également une "Déclaration sur la politique à suivre dans les régions libérées", texte qui prévoit l'organisation d'élections libres et la mise en place de gouvernements démocratiques. Yalta apparaît comme l'ultime tentative d'organiser le monde sur une base de coopération et d'entente. Le monde n'est pas encore partagé en deux hémisphères d'influence, mais les Occidentaux sont contraints d'accepter le rôle de Staline dans les territoires libérés par les chars soviétiques. L'Europe centrale et orientale est désormais sous l'influence exclusive de l'Armée rouge. Il semble que Staline soit d'avis que chaque puissance finira par imposer son système politique là où elle exerce le contrôle militaire. Le début de la Guerre froide La fin de la Seconde Guerre mondiale ne conduit pas à un retour à la normale mais annonce au contraire l'émergence d'un nouveau conflit, moins sanglant mais plus larvé et plus long : la Guerre froide. Les puissances alliées ne parviennent pas à se mettre d'accord sur un traité de paix avec l'Allemagne vaincue et soumise à une occupation quadripartite. Les conflits d'intérêts entre les nouvelles puissances mondiales se multiplient et une atmosphère de méfiance et de peur s'installe. Il en résulte une longue période de tensions internationales, ponctuée de crises aiguës débouchant parfois sur des conflits militaires locaux sans pourtant déclencher une guerre ouverte entre les États-Unis et l'URSS. De 1947 à la fin de la Guerre froide, l'Europe, divisée en deux blocs, se trouve au centre de l'affrontement indirect entre les deux superpuissances. La Guerre froide atteint son premier moment fort lors du blocus de Berlin. L'explosion de la première bombe atomique soviétique, en été 1949, vient conforter l'URSS dans son rang de puissance mondiale. Cette situation confirme les prédictions de Winston Churchill qui, en mars 1946, est le premier homme d'État occidental à parler publiquement d'un "rideau de fer" qui coupe désormais l'Europe en deux. Le plan Marshall http://membres.lycos.fr/marshall1/index.htm A la fin de la guerre, l'Organisation des Nations unies (ONU), dont la Charte fondatrice est signée à San Francisco en juin 1945, fournit diverses aides aux pays européens détruits. L'Europe est en effet confrontée à de graves pénuries alimentaires et doit maintenir des systèmes de rationnement. Elle est également en manque de dollars, ce qui limite fortement ses importations en produits d'équipement civil et militaire. L'Administration des Nations unies pour les secours et la reconstruction, l'United Nations Relief and Rehabilitation Agency (UNRRA), créée dès novembre 1943, apporte des aides individuelles d'urgence aux Etats européens, notamment sur le plan humanitaire. Mais cette action reste ponctuelle et s'avère insuffisante pour relancer efficacement l'économie de l'ensemble de ces pays. Les échanges commerciaux intereuropéens sont en effet ralentis par le manque de devises et souffrent de l'absence d'une organisation économique internationale capable d'organiser efficacement le commerce mondial. Les États-Unis, qui ont le plus grand intérêt à favoriser ces échanges pour gonfler leurs exportations, envisagent dès lors de relever l'économie européenne via un programme structurel d'envergure. Pour les USA, il s'agit en effet de protéger la prospérité américaine et d'éloigner le spectre de la surproduction nationale. Mais la volonté des États-Unis d'accorder une aide économique massive à l'Europe trouve également son origine dans des préoccupations politiques. La peur de l'expansion communiste en Europe occidentale dans un climat de Guerre froide est sans doute un facteur décisif tout aussi important que la conquête de marchés nouveaux. Les Américains proposent donc de lutter contre la misère et la faim en Europe qui, selon eux, entretiennent le communisme. Le plan Marshall s'inscrit dans la politique américaine d'endiguement - de containment tel que le président américain Truman l'expose dans un discours au Congrès américain des États-Unis le 12 mars 1947 - de la poussée réelle ou supposée du communisme en Europe. Dans un discours qu'il prononce le 5 juin 1947 à l'université Harvard de Cambridge (Massachusetts), le secrétaire d'État américain, George C. Marshall, propose à tous les pays d'Europe une assistance économique et financière conditionnée par une coopération européenne plus étroite. C'est le Plan Marshall ou le European Recovery Program (ERP). Très intéressées, la France et la Grande-Bretagne convoquent trois semaines plus tard à Paris une conférence à laquelle ils convient aussi l'URSS dans le but d'élaborer un programme commun en réponse à l'offre du général Marshall. Mais Viatcheslav Molotov, ministre russe des Affaires étrangères, refuse catégoriquement le moindre contrôle international et s'oppose au relèvement économique de l'Allemagne. L'Union soviétique rejette définitivement l'offre Marshall et dissuade ses pays satellites et la Finlande voisine de solliciter l'aide américaine. Ce refus approfondit la coupure entre l'Est et l'Ouest de l'Europe. En réaction au programme Marshall, l'URSS institue, en janvier 1949, une coopération économique avec les pays du bloc soviétique dans le cadre du Conseil d'assistance économique mutuelle (CAEM ou Comecon). Finalement, seize pays s'empressent d'accepter le plan Marshall : Autriche, Belgique, Danemark (avec les îles Féroé et le Groenland), France, Grèce, Irlande, Islande, Italie (et San Marin), Luxembourg, Norvège, Pays-Bas, Portugal (avec Madère et les Açores), Royaume-Uni, Suède, Suisse (avec le Liechtenstein) et Turquie. Ils mettent immédiatement sur pied un Comité de coopération économique européenne (CCEE) qui dresse un rapport fixant les tâches prioritaires de l'économie européenne. Mais les Américains exigent que ces pays assurent eux-mêmes la gestion et la redistribution des fonds. Le CCEE prévoit alors la création d'un organisme permanent de coopération. Le 16 avril 1948, les seize pays signent à Paris la Convention qui y établit l'Organisation européenne de coopération économique (OECE). L'Allemagne de l'Ouest et le territoire de Trieste les rejoignent en 1949. Les colonies et les territoires extraeuropéens des pays de l'OECE y sont représentés par les métropoles et les États-Unis et le Canada, bien qu'ils ne soient pas membres de l'Organisation, participent aussi à tous ses travaux. L'OECE est donc, de facto, une organisation à vocation mondiale. En 1960, après l'adhésion effective des États-Unis et du Canada, elle devient d'ailleurs l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) qui connaît par la suite de nouveaux élargissements. Les États-Unis adoptent en avril 1948 une loi d'assistance étrangère qui crée l'Administration de coopération économique, l'Economic Cooperation Administration (ECA) qui gère le plan Marshall. Ils décident d'envoyer un représentant permanent en Europe et d'établir des missions spéciales auprès de chacun des pays bénéficiaires. Des accords bilatéraux sont passés entre chaque pays et les États-Unis. Le programme de relèvement européen se répartit à la fois en subsides et en prêts pour un montant global d'environ 13 milliards de dollars distribués entre avril 1948 et juin 1951. Au-delà des investissements de modernisation, l'aide américaine est avant tout utilisée pour acheter les marchandises indispensables aux économies européennes : produits alimentaires et agricoles, matières premières, outillages et équipements industriels. Les États-Unis affectent également des dollars au développement de la production de matériaux stratégiques dans les colonies européennes où les Américains veulent barrer la route au communisme. En octobre 1948, l'OECE met d'ailleurs sur pied un Comité des territoires d'outre-mer (CTO) qui, à travers un fonds spécial TOM, incite les pays européens à coopérer avec les États-Unis pour le développement de l'Afrique. L'importance politique du plan Marshall ne doit pas être sous-estimée. Par ce soutien, le président américain Harry Truman veut aider les peuples libres d'Europe à résoudre leurs problèmes économiques. Mais il s'agit aussi de faire barrage au communisme qui semble menacer des pays tels que la France et l'Italie. Cette stratégie se révèle payante puisqu'aux élections d'avril 1948, la Démocratie chrétienne l'emporte nettement sur le parti communiste italien jusque-là si influent. Le plan Marshall s'accompagne d'ailleurs d'une intense propagande. C'est ainsi qu'un "train pour l'Europe", rempli de vivres et de denrées alimentaires, sillonne les pays bénéficiaires pour y exposer les projets entrepris et les résultats engrangés. La presse et les médias audiovisuels sont également mis à contribution. Car le plan de relèvement européen est bien une arme de la Guerre froide. Mais le plan Marshall marque aussi l'entrée de l'Europe occidentale dans la société de consommation, symbolisée, par exemple, par le Coca Cola et les films hollywoodiens. Dès 1948, l'OECE négocie un accord multilatéral de paiements intereuropéens suivi, en 1949, d'un code de libération des échanges. De juillet 1950 à décembre 1958, une Union européenne des paiements (UEP) rétablit la convertibilité des monnaies européennes et lève les restrictions quantitatives des échanges. L'OECE favorise également la productivité économique en Europe via l'Agence européenne de productivité qu'elle institue en 1953 pour étudier et diffuser les nouvelles avancées techniques applicables au secteur industriel. En rassemblant initialement les pays démocratiques européens dotés d'une économie de marché, l'OECE constitue une première étape importante sur la voie de l'unification européenne. Elle demeure toutefois un organe de coopération intergouvernementale qui ne parvient pas à créer une union douanière. L'Europe centrale et orientale Limité à l'Union soviétique en 1945, le monde communiste s'étend ensuite rapidement à l'Europe centrale et orientale. Le 22 septembre 1947, les délégués des partis communistes d'Union soviétique, de Pologne, de Yougoslavie, de Bulgarie, de Roumanie, de Hongrie, de Tchécoslovaquie, d'Italie et de France se réunissent près de Varsovie et créent le Kominform, bureau d'information installé à Belgrade et qui devient rapidement l'organe de coordination idéologique du mouvement communiste via l'intermédiaire de son journal Pour une paix durable, pour une démocratie populaire. La propagande communiste est grandement facilitée par la présence de l'armée soviétique dans les pays d'Europe centrale et orientale qu'elle a libérés. Peu à peu, les communistes en viennent à y occuper les postes clés des gouvernements. Tous ceux qui ne suivent pas les directives de Moscou sont irrémédiablement évincés. Progressivement, les leaders des partis non-communistes sont écartés, soit par discréditation ou intimidation, soit par des procès politiques suivis d'emprisonnement voire d'exécution. Trois ans suffisent à l'URSS pour mettre en place des démocraties populaires, dirigées par les partis communistes. Aussi bien la Pologne que la Hongrie, la Roumanie ou encore la Tchécoslovaquie tombent ainsi, de manière plus ou moins brutale, dans le giron soviétique. Néanmoins, le refus, à partir de 1948, des communistes yougoslaves de s'aligner sur les thèses du Kominform témoigne des difficultés de l'URSS à maintenir son emprise sur l'ensemble des pays situés dans son orbite. Le blocus de Berlin L'Allemagne devient rapidement un champ d'affrontement de la Guerre froide. Après avoir réorganisé politiquement leur zone d'occupation dans l'Allemagne vaincue, les Anglais et les Américains veulent aussi y relancer la vie économique, ce qui implique une réforme monétaire radicale. Le 20 juin 1948, les Occidentaux introduisent donc une nouvelle unité de compte. Le mark allemand, le Deutschemark (DM) est introduit dans toutes les zones occidentales et remplace le Reichsmark par trop déprécié. Cette réforme monétaire permet de remplir enfin les rayons des magasins de produits qui n'étaient plus alors disponibles que par le marché noir. Tandis que les communistes s'emparent de presque tous les postes de commande dans la zone orientale, les conceptions des anciens Alliés sur l'organisation économique et politique de l'Allemagne deviennent chaque jour plus contradictoires. Espérant préserver l'unité de Berlin au cœur de la zone soviétique et dénonçant ce qu'elle considère comme une politique anglo-américaine du fait accompli, l'URSS réagit à cette initiative le 24 juin 1948 par le blocus total des secteurs occidentaux de Berlin. La ville est située dans la zone d'occupation soviétique mais les Américains, les Anglais et les Français sont installés dans leur zone d'occupation respective. Les voies d'accès terrestres, ferroviaires et fluviales vers Berlin sont coupées jusqu'au 12 mai 1949. Les fournitures de vivres et d'électricité sont rompues. L'introduction du DM dans les secteurs occidentaux de Berlin en est la cause officielle, mais l'Union soviétique cherche probablement à réduire l'îlot capitaliste dans sa zone d'occupation en obligeant les Britanniques, les Français et les Américains à quitter Berlin. Ceux-ci doivent réagir promptement : le pont aérien allié, mis en place par le général Lucius D. Clay, s'avère être la contre-mesure américaine appropriée. Des milliers d'avions (plus de 270.000 vols au total) apportent chaque jour vivres, matériel de chauffage et autres objets de première nécessité dans la ville encerclée. En tout, plus de 13.000 tonnes de marchandises sont ainsi livrées chaque jour. Berlin devient l'un des principaux théâtres de la confrontation entre l'Est et l'Ouest. La division de l'Europe en deux blocs est consommée. La ville devient un symbole de liberté pour l'Occident. Les habitants de la ville ne sont plus désormais perçus comme d'anciens nazis qu'il faut punir mais comme des victimes de la menace soviétique. Quand, le 12 mai 1949, Staline décide de lever le blocus, le divorce politique de la ville est bel et bien consommé. Deux administrations municipales ont été mises en place et les Soviétiques ont procédé à la fusion des partis social-démocrate et communiste. Des élections démocratiques sont par contre organisées à Berlin-Ouest en décembre 1948 qui voient la victoire des sociaux-démocrates résolument anticommunistes. La réussite du pont aérien de Berlin permet de faire admettre aux opinions publiques occidentales le partage inéluctable de l'Allemagne. De part et d'autre du rideau de fer, la ville de Berlin devient la vitrine des modèles occidental et soviétique. Face au sentiment de menace soviétique, l'idée du réarmement de l'Allemagne et de son intégration dans une structure d'unification européenne apparaît de plus en plus prégnante aux yeux des Occidentaux. Fondation de la RFA Le 2 décembre 1946, les Britanniques et les Américains décident de fusionner leur zone d'occupation respective. Avec l'adjonction de la zone française en 1948, l'Allemagne occidentale devient la Trizone. Du 20 avril au 2 juin 1948, les trois puissances se réunissent à Londres pour discuter de l'avenir du pays et décident de convoquer une assemblée constituante, le Conseil parlementaire allemand. Ses membres sont désignés par les parlements des États fédéraux, les Länder. Ces entités fédérales ont été créées par les puissances d'occupation en tenant plus ou moins compte des antécédents historiques. Tandis que l'Etat de Prusse est aboli par décision alliée, la Bavière est maintenue. Le 1er septembre 1948, le Conseil parlementaire commence ses travaux à Bonn. Il élit le démocrate-chrétien Konrad Adenauer à sa tête et élabore la Loi fondamentale qui est rendue publique le 23 mai 1949. Cette loi représente la constitution provisoire de la République fédérale d'Allemagne (RFA). Son adoption par référendum donne lieu aux premières élections législatives pour l'ensemble de la Trizone. La ville de Bonn l'emporte sur Francfort comme capitale provisoire. La ville de Berlin-Ouest reçoit le statut de Land mais reste administrée par les Alliés. Il s'agit en effet de montrer que Berlin-Ouest fait partie de la RFA en dépit de son statut particulier et de favoriser le développement économique de la ville en accordant notamment des primes aux entreprises et aux fonctionnaires qui décident de venir s'y installer. Même si le droit de regard des puissances alliées occidentales limite encore la souveraineté allemande, la RFA se veut déjà la seule héritière légitime du Reich allemand, dissout lors de la capitulation sans condition de 1945. L'élection du Bundestag, en août 1949, consacre la victoire des chrétiens-démocrates (CDU) sur les socialistes (SPD) menés par Kurt Schumacher et dont certaines positions marxistes effraient parfois les occupants occidentaux. Les communistes et les libéraux ne récoltent que des résultats marginaux. La CDU, dirigée par Konrad Adenauer, s'affirme par contre comme la champion du retour de l'économie libérale. Adenauer, partenaire privilégié des Américains, devient le premier chancelier de la RFA. Fondation de la RDA En réaction à la fondation de la République fédérale d'Allemagne (RFA) à Bonn, l'URSS favorise, en octobre 1949, la proclamation de la République démocratique allemande (RDA) à Berlin. Berlin-Est devient aussitôt la capitale de la RDA. Les Occidentaux refusent de reconnaître cet Etat qui, à l'instar de la RFA, a la prétention de parler pour toute l'Allemagne. Le communiste Wilhelm Pieck devient président de la RDA et Otto Grotewohl, ancien social-démocrate, est nommé chef du gouvernement. C'est pourtant Walter Ulbricht, chef du Parti communiste, qui joue le rôle déterminant. Depuis 1946, le Parti social-démocrate (SPD) de la zone soviétique a en effet été contraint de fusionner avec le Parti communiste (KPD) pour former le Parti socialiste unifié (SED). Ce parti stalinien, dirigé par des communistes, va dominer la vie politique de la RDA jusqu'à la fin du régime communiste en 1989. La révolution en Chine Au printemps 1946, la guerre civile éclate en Chine. Les communistes conduits par Mao Tsé-Tung, aguerris par la résistance face au Japon, promettent une redistribution des terres aux paysans. Malgré l'appui américain qui se focalise progressivement sur l'Europe, le gouvernement nationaliste du général Tchang Kaï-Chek est contraint de quitter le continent et de se réfugier sur l'île de Formose en 1950. La République populaire de Chine est proclamée le 1er octobre 1949 avec Mao comme président. Les communistes occupent tous les postes clés de l'Etat. Les opposants sont systématiquement arrêtés ou exécutés. Cette victoire renforce considérablement la position du communisme mondial qui s'étend désormais de la mer de Chine à l'Elbe. Mais la Chine communiste, qui a certes besoin de l'aide économique soviétique dans les premières années de la République populaire, n'en est pas pour autant un simple satellite de l'Union soviétique. Et si elle s'engage auprès de l'URSS dans certains conflits de la Guerre froide, elle ne s'intègre pas pour autant dans le bloc soviétique. La guerre de Corée Le 25 juin 1950, les troupes communistes de Corée du Nord franchissent le 38ème parallèle qui, depuis 1945, marque la ligne de démarcation militaire entre le nord - sous influence soviétique - et le sud – sous influence américaine - du pays. En fait, les affrontements frontaliers et l'invasion du sud de la péninsule marque le début de la guerre de Corée. Les États-Unis, décidés à soutenir les autorités du Sud, profitent d'une absence temporaire du délégué soviétique au Conseil de sécurité des Nations Unies pour engager l'Organisation des Nations unies (ONU) dans la défense de la Corée du Sud. Ils demandent à l'ONU d'appliquer le principe de la sécurité collective et de voter des sanctions contre la Corée du Nord. En juin 1950, des forces aériennes et navales américaines débarquent dans la péninsule. Seize pays, dont la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg, participent à la constitution d'une force internationale sous commandement américain. La Corée du Nord jouit par contre de l'appui diplomatique de l'URSS et de l'aide militaire de la Chine populaire. Ayant pu refouler les troupes nord-coréennes jusqu'à la frontière chinoise, le général américain McArthur est néanmoins confronté, dès le début de 1951, à une contre-offensive massive de renforts chinois. Il propose alors au président américain, Harry Truman, de bombarder la Chine communiste en recourant, s'il le faut, à l'arme atomique. La situation devient véritablement dramatique : un nouveau conflit mondial paraît imminent. Mais le président refuse l'emploi de la bombe atomique et la guerre se poursuit malgré d'incessantes tractations diplomatiques en vue d'instaurer un cessez-le-feu. L'armistice est finalement signé en juillet 1953 dans le climat de détente internationale que suscite la mort de Staline quatre mois plus tôt. Les États-Unis offrent cependant une aide économique importante à la Corée du Sud tandis que l'URSS soutient la Corée du Nord, rendant pour longtemps impossible la réunification du pays. Pendant ce conflit, la Guerre froide touche assurément à son apogée. Elle débouche en effet sur une psychose anticommuniste aux États-Unis et ne manque pas d'avoir des effets en Europe de l'Ouest qui se sent de plus en plus faible face aux deux Grands sur la scène internationale. La crise de Berlin Depuis le blocus de Berlin de 1948-1949, les secteurs occidentaux de Berlin sont au centre des tensions Est-Ouest. Même après la mort de Staline en 1953, Berlin-Ouest reste une épine capitaliste dans le corps du camp socialiste. En 1958, Nikita S. Khrouchtchev menace de conclure une paix séparée avec la République démocratique allemande (RDA) si les puissances occidentales refusent de reconnaître le statu quo en Allemagne et le partage effectif du pays après la guerre. Au même moment, désireux d'échapper au régime communiste et aux privations économiques, de plus en plus d'Allemands de l'Est passent en Allemagne occidentale via Berlin. Ce sont ainsi près de trois millions de personnes qui fuient leur pays entre 1949 et 1961. Afin de stopper cette hémorragie, des ouvriers Est-allemands encadrés par l'armée construisent, dans la nuit du 12 au 13 août 1961, un mur qui sépare l'Est et l'Ouest de Berlin en interdisant tout passage. Résignées, les puissances occidentales ne peuvent protester que verbalement. Lors d'un voyage à Berlin le 26 juin 1963, le président John F. Kennedy marque sa sympathie pour Berlin-Ouest en proclamant : "Ich bin ein Berliner". Mais en pratique, la transgression du mur dit "de la honte" est pratiquement impossible. Cette frontière fermée est le symbole le plus tangible de la Guerre froide et du déchirement de l'Europe. La crise de Cuba Depuis le renversement révolutionnaire de la dictature militaire de Fulgencio Batista en janvier 1959, l'île de Cuba est dirigée par Fidel Castro. Tout en mettant en place une réforme agraire, Castro nationalise les propriétés des entreprises américaines sur l'île et s'attire aussitôt les foudres de Washington. Le dirigeant cubain pro-communiste se rapproche alors de plus en plus de l'URSS qui se félicite de trouver un nouvel allié dans l'hémisphère occidental et dans le périmètre de sécurité des États-Unis. Les régimes cubain et soviétique signent successivement des accords de coopération commerciale puis militaire. Les États-Unis essaient alors de renverser le nouveau régime en organisant, en avril 1961, un débarquement d'exilés anticastristes dans la baie des Cochons. L'opération échoue et ne fait finalement que contribuer au renforcement de Castro. Il attire à Cuba, seul pays communiste du continent américain, de nombreux révolutionnaires d'Amérique latine et menace le prestige des États-Unis dans la région. Khrouchtchev décide en effet de livrer secrètement aux Cubains des fusées offensives à moyenne portée capables de menacer directement le sol des États-Unis. Le 14 octobre 1962, après avoir repéré des cargos soviétiques chargés de missiles en route vers l'île, des avions espions américains prennent également des clichés de rampes de lancement de fusées soviétiques à moyenne portée. Le président américain, John F. Kennedy, décide alors d'imposer un blocus maritime en fermant les voies d'accès vers Cuba. La moindre tentative des bateaux soviétiques de forcer la quarantaine américaine peut à tout moment mettre le feu aux poudres et provoquer un conflit ouvert entre les États-Unis et l'Union soviétique. L'Europe - et l'Allemagne en particulier – constitueraient alors immanquablement un terrain d'affrontement. Mais au dernier moment, après de nombreux contacts entre Moscou et Washington, notamment par l'intermédiaire des Nations unies, un compromis émerge : les bateaux soviétiques acceptent de rebrousser chemin tandis que les Américains s'engagent à ne pas envahir Cuba. Le 28 octobre, la guerre nucléaire est évitée de justesse et les deux géants en reviennent aux négociations à propos du désarmement. En Europe, par ailleurs, la crise favorise le renforcement des liens franco-allemands.