La dissuasion
La dissuasion
TexteLes positions de la France et du Royaume-Uni
Explosion de la première bombe atomique britannique (Australie, 3 octobre 1952)
ImageLe 3 octobre 1952, le premier essai nucléaire britannique a lieu dans les Îles Montebello, au large de la côte ouest de l'Australie. Le Royaume-Uni est le troisième pays au monde, après les États-Unis et l'Union soviétique, à se doter de l'arme nucléaire.
Vue aérienne: Explosion de la première bombe H britannique (Malden Island, 15 mai 1957)
ImageLe 15 mai 1957, lors de l'opération Grapple, le Royaume-Uni fait exploser sur l’île Malden dans le Pacifique sa première bombe thermonucléaire.
Note interne du ministère britannique des Affaires étrangères au ministère de la Défense sur le contrôle de l'utilisation de la force nucléaire de dissuasion britannique (Londres, 21 mars 1958)
TexteLe 21 mars 1958, une note interne de John Henry Gladstone Leahy, diplomate britannique au sein du ministère des Affaires étrangères, adressée au ministère de la Défense, aborde la question soulevée par Sir James Hutchison, député conservateur à l'Assemblée de l'Union de l'Europe occidentale (UEO), sur la machinerie de contrôle de l'utilisation de la force de dissuasion nucléaire. La note présente la position britannique sur ce sujet et souligne que les chefs d'état-major sont fermement convaincus que le contrôle de la force de dissuasion devrait rester exclusivement entre les mains des États-Unis et du Royaume-Uni. Aucune perspective ne serait entrouverte de voir les Britanniques accepter une discussion sur ce sujet au sein de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) ou de l'UEO tant que la situation n'est pas clarifiée avec les États-Unis.
Note à l'attention du ministre de la Défense en vue d'une réunion avec Sir James Hutchison sur le contrôle des armes nucléaires (Londres, 27 mars 1958)
TexteLe 27 mars 1958, le ministre britannique de la Défense émet une note à l'attention de Frank William Mottershead, haut fonctionnaire au ministère de la Défense, à propos de la réunion du ministre avec le député conservateur britannique Sir James Hutchison portant sur le contrôle des armes nucléaires. La note définit les circonstances dans lesquelles l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) serait amenée à recourir à la guerre nucléaire et qui déciderait du moment auquel ces circonstances seraient réunies. Des craintes sont exprimées sur le fait qu'une attaque rapide éventuelle d'un membre de l'OTAN par les Soviétiques ne laisserait pas suffisamment de temps pour instaurer une consultation véritable au sujet d'une riposte nucléaire. La note résume les points relatifs à la définition des orientations favorables à l'utilisation possible des armes nucléaires sous le contrôle de l'OTAN et souligne les capacités des forces nucléaires américaines. Le danger d'établir des directives trop précises montrerait à tout agresseur potentiel les limites à l'intérieur desquelles celui-ci pourrait opérer avant de se trouver menacé par une réplique nucléaire émanant de l'OTAN, réduisant ainsi l'efficacité de la dissuasion nucléaire de l'Alliance. La note conclut que pour l'instant tout du moins, aucun changement ne serait apporté à la doctrine préexistante prescrite suite à la réunion ministérielle de l'OTAN de décembre 1954, qui énonçait que les militaires ont la responsabilité de concevoir les plans pour l'utilisation éventuelle des armes nucléaires et les autorités civiles celle de décider de leur mise en action ou non.
Projets de réponses de la délégation britannique du Conseil de l’UEO à des questions posées par l’Assemblée sur des problèmes de défense (Londres, 22 octobre 1958)
TexteLe 22 octobre 1958, le secrétaire général de l’Union de l’Europe occidentale (UEO) communique des projets de réponses préparés par la délégation britannique aux questions 1, 2 et 6 posées par la Commission des questions de défense et des armements de l'Assemblée de l’UEO. En ce qui concerne la question relative au retrait de l’armée britannique du Rhin, le gouvernement du Royaume-Uni déclare vouloir maintenir ses effectifs actuels de 55 000 hommes jusqu'à la fin de 1959. Le Conseil souligne qu’il n’a été saisi d’aucune demande relative à une nouvelle réduction du niveau des forces britanniques, ou d’autres forces stationnées sur le continent. Quant aux armes nucléaires tactiques, le Conseil explique que ces questions ne sont pas de sa compétence, mais relèvent de l’autorité du Commandement suprême des forces alliées, qui agit sous la direction du Conseil de l’Atlantique Nord (CAN). Le Conseil de l’UEO relève en outre que le CAN n’envisage pas, à l’heure actuelle, de dispositions relatives au contrôle commun de l’utilisation des armes nucléaires stratégiques. Toute tentative d’accord à ce sujet serait vouée à l’échec.
Explosion de la première bombe atomique française (Reggane, 13 février 1960)
ImageLe 13 février 1960, la première bombe atomique française (nom de code "Gerboise Bleue") explose à Reggane, dans le Sahara algérien. Un avion équipé pour la poursuite du nuage radioactif.
Compte rendu sommaire de la réunion de la Commission des questions de défense et des armements de l'Assemblée de l’UEO avec Harold Watkinson (Londres, 28 mars 1960)
TexteLe 28 mars 1960, le secrétaire général de l’Union de l’Europe occidentale (UEO) communique au Conseil, un compte rendu sommaire de l’entretien d’Harold Watkinson, ministre britannique de la Défense, avec la Commission des questions de défense et des armements de l’Assemblée de l’UEO, le 21 mars 1960. La note détaille également la visite de la Commission au « Bomber Command » de la R.A.F. le 22 mars. Le ministre britannique de la Défense recommande une plus grande coopération dans la production des armements au sein de l’OTAN et souligne la contribution du Royaume-Uni à la puissance de dissuasion nucléaire occidentale, mais reste sceptique quant au contrôle commun de la force de dissuasion atomique.
Exposé de Pierre Messmer à la Commission des questions de défense et des armements de l'Assemblée de l’UEO le 30 mai 1960 à Paris (Londres, 7 juin 1960)
TexteLe 7 juin 1960, le secrétaire général de l’Union de l’Europe occidentale (UEO) communique au Conseil l’exposé que Pierre Messmer, ministre français des Armées, a fait devant la Commission des questions de défense et des armements de l’Assemblée de l’UEO, à Paris le 30 mai 1960. Pierre Messmer renseigne la Commission notamment sur la politique militaire de la France et sa participation à la défense du monde occidental en mettant l'accent sur sa force stratégique et sur ses forces d'interventions. Il revient sur la stratégie nucléaire de la France et ses efforts à élaborer un véritable armement de dissuasion. Pierre Messmer soulève en outre le problème de la coopération en matière d’armement, en particulier la difficulté d’accorder la politique militaire de l’Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) avec les politiques militaires nationales et la concurrence des industries et des productions sur les marchés.
Audition de Pierre Messmer par la Commission des questions de défense et des armements de l'Assemblée de l’UEO le 30 mai 1960 à Paris (Londres, 1er juillet 1960)
TexteLe 1er juillet 1960, le secrétaire général de l’Union de l’Europe occidentale (UEO) diffuse au Conseil un compte rendu sommaire de l'audition de Pierre Messmer, ministre français des Armées, par la Commission des questions de défense et des armements de l’Assemblée de l’UEO, à Paris le 30 mai 1960. Les questions posées à Pierre Messmer touchent notamment aux relations de la France avec l'Alliance atlantique, à sa contribution au bouclier de l'Organisation de l'Atlantique nord et à son renforcement, ainsi qu'à la production, la mise au point et l'utilisation éventuelle des armes nucléaires.
Note des services diplomatiques britanniques sur les armes nucléaires dans l'OTAN (octobre 1960)
TexteEn octobre 1960, les services diplomatiques britanniques émettent une note interne destinée à guider les ministres à la réunion ministérielle de l'OTAN à Paris (16-18 octobre 1960). La note porte sur le déploiement et le contrôle des armes nucléaires au sein de l’Alliance atlantique et aborde notamment la position à défendre sur la question des missiles balistiques à moyenne portée (MRBM), le stock d'armes nucléaires et les forces stratégiques de dissuasion.
"La Grande-Bretagne veut maintenir sa force de frappe indépendante. L'UEO contrôlera-t-elle les stocks atomiques français?" dans Le Monde (25 octobre 1960)
TexteLe 25 octobre 1960, le quotidien français Le Monde détaille les commentaires de la presse anglo-saxonne sur la question du contrôle par l’Union de l’Europe occidentale (UEO) des futurs stocks atomiques français et évoque la situation à laquelle est confrontée la force de frappe britannique.
Troisième essai atomique français dans le sud du Sahara algérien (Reggane, 27 décembre 1960)
ImagePhoto prise le 27 décembre 1960 près de Reggane dans le sud du Sahara algérien, de la troisième explosion de la bombe A française, lors de l'opération appelée «Gerboise rouge», dans le cadre des essais nucléaires aériens français- C'est à Reggane que fut expérimentée la première bombe atomique française le 13 février 1960. Juste après la déflagration, une armada de techniciens en combinaisons antiradiations n'auront que 15 à 20 minutes, avant les retombées radioactives, pour récupérer sur les lieux de l'explosion les précieux appareils de mesure enfouis (sismographes) dans le sable. La collecte des retombées radioactives étaient faite principalement par des avions équipés à cet effet.
Télégramme de Maurice Couve de Murville à Hervé Alphand sur la question des armements atomiques (Paris, 7 février 1962)
TexteLe 7 février 1962, Maurice Couve de Murville, ministre français des Affaires étrangères, transmet à Hervé Alphand, ambassadeur de France à Washington, le texte de la réponse adressée la veille par le président français Charles de Gaulle au premier ministre britannique Harold Macmillan concernant le problème des armements atomiques. Suite aux récentes explosions soviétiques, le président français comprend que les puissances occidentales ne peuvent se permettre de se laisser distancer dans la course aux armements. Ainsi, le général de Gaulle approuve que le gouvernement britannique ait donné son accord de principe à la mise à la disposition des Américains de ses installations de l'île Christmas pour une série d'essais nucléaires, et remarque que la France a elle aussi l’intention de poursuivre ses propres expériences. En ce qui concerne le désarmement, Charles de Gaulle souligne que la France est favorable à toute mesure qui y conduirait, mais sous condition d'organiser effectivement la destruction de toutes les bombes existantes et des engins propres à les transporter.
Discours de Peter Thorneycroft devant l'Assemblée de l'UEO (Paris, 4 décembre 1962)
TexteLe 4 décembre 1962, Peter Thorneycroft, ministre britannique de la Défense, prononce un discours devant l'Assemblée de l'Union de l'Europe occidentale (UEO). Il souligne que le Royaume-Uni, en tant que pays européen, s'intéresse de près à la défense de l'Europe et insiste sur l’importance de la mise en place d'une défense commune et efficace. Le ministre s'exprime sur la nécessité pour les pays européens de s'associer dans les études et la mise au point d'armements.
"M. Macmillan chercherait à établir une entente nucléaire à trois" dans Le Monde (4 décembre 1962)
TexteLe 4 décembre 1962, en marge de l'ouverture de la réunion de l’Assemblée de l'Union de l'Europe occidentale (UEO), le quotidien français Le Monde analyse les réactions britanniques, de la presse et gouvernementales, à l’égard des différents projets à l’étude visant à établir une force nucléaire européenne dans le cadre de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et dont le contrôle politique serait réduit aux trois puissances nucléaires occidentales (États-Unis, France, Royaume-Uni).
"Une force atomique européenne comme politique britannique?" dans The Guardian (5 décembre 1962)
TexteLe 5 décembre 1962, le quotidien britannique The Guardian analyse les réactions au discours prononcé par Peter Thorneycroft, ministre britannique de la Défense, dans l'enceinte de l'Assemblée de l'Union de l'Europe occidentale (UEO), et s'intéresse en particulier à la question de la mise en place d'une force nucléaire européenne.
Compte rendu des entretiens entre le général de Gaulle et Harold Macmillan (Rambouillet, 15 décembre 1962)
TexteDu 15 au 16 décembre 1962, le président français Charles de Gaulle s'entretient avec le Premier ministre britannique Harold Macmillan à Rambouillet sur les grands dossiers internationaux et européens. Les discussions portent également sur les conséquences de la réunion de l'Assemblée de l'Union de l'Europe occidentale (UEO), du 3 au 7 décembre à Paris, au cours de laquelle l'Assemblée s'est prononcée pour la création d'une force de frappe nucléaire de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN), condamnant ainsi la prolifération des forces de frappe nationales. Le général de Gaulle et Harold Macmillan insistent sur la nécessité que leurs forces nucléaires respectives demeurent sous contrôle national. Tout en évoquant la possibilité d’une coopération franco-britannique dans le domaine militaire, le général de Gaulle estime qu’en matière de défense, la Grande-Bretagne «ne donne pas vraiment l’impression d’être européenne». De plus, aux yeux du général, la force nucléaire britannique n'est pas «purement britannique», mais «est intimement liée aux États-Unis».
Harold Macmillan et John F. Kennedy à Nassau (19 décembre 1962)
ImageDu 17 au 21 décembre 1962, le président américain John F. Kennedy et le Premier ministre britannique Harold Macmillan se rencontrent à Nassau (Bahamas) et concluent un accord spécial en vertu duquel les États-Unis s'engagent à fournir des missiles Polaris au Royaume-Uni.
Lancement du HMS Resolution, premier sous-marin nucléaire britannique lanceur d'engins de la classe Polaris (15 septembre 1966)
ImageLe 15 septembre 1966, les chantiers navals de Barrow-in-Furness lancent le HMS Resolution, premier sous-marin nucléaire britannique lanceur d'engins de la classe Polaris. Après des essais en mer, le sous-marin effectue avec succès son premier tir de missile Polaris, le 15 février 1968. Le HMS Resolution sera équipé de 16 tubes pour missiles nucléaires à têtes nucléaires multiples Polaris A3, dont la portée est estimée à près de 4 600 km.
Communiqué de John F. Kennedy et Harold Macmillan sur le système de défense nucléaire (Nassau, 21 décembre 1962)
TexteEn 1962, l'achat des missiles américains Polaris par le Royaume-Uni provoque des tensions au sein des relations franco-britanniques, la décision anglaise se heurtant à la volonté française de créer une force de dissuasion nucléaire indépendante en Europe.
Lettre de Hervé Alphand à Maurice Couve de Murville (Washington, 31 décembre 1962)
TexteLe 31 décembre 1962, Hervé Alphand, ambassadeur de France à Washington, informe Maurice Couve de Murville, ministre français des Affaires étrangères, des résultats de sa rencontre avec le président américain John F. Kennedy au sujet du résultat des entretiens de Nassau et de l'initiative américaine autour du système de missiles nucléaires Polaris. L'ambassadeur français revient sur les propos tenus par le président américain, pour qui l’offre de Nassau est une « ouverture » (opening), une sorte de cadre dont il espère que la France voudrait bien examiner et discuter le contenu, y compris la création d'une force multilatérale nucléaire.
"L'OTAN et l'indépendance nucléaire" dans The Guardian (6 février 1963)
TexteLe 6 février 1963, le quotidien britannique The Guardian analyse la question de la dissuasion nucléaire du Royaume-Uni et s'interroge à la fois sur son indépendance et son avenir.
Réponse du Conseil de l’UEO à la question 56 posée par un membre de l’Assemblée sur le contrôle des armes atomiques (Londres, 22 mai 1963)
TexteLe 22 mai 1963, le secrétaire général de l’Union de l’Europe occidentale (UEO) communique la réponse du Conseil de l’UEO à la question 56 posée par Marius Moutet, membre de la commission des questions de défense et des armements de l’Assemblée sur les armes atomiques. Le Conseil considère que la définition d'arme atomique prévue à l'annexe du protocole III des accords de Paris est valable pour les types d'armements à contrôler.
Dépêche circulaire du Quai d'Orsay sur les expériences atomiques françaises (Paris, 7 octobre 1963)
TexteLe 7 octobre 1963, suite à l'adoption du programme français d'expériences nucléaires dans le Pacifique et après le refus français d'adhérer au traité de Moscou sur l'arrêt partiel des essais nucléaires, le ministère des Affaires étrangères adresse à tous les postes diplomatiques une dépêche circulaire sur la politique de la France en matière d'expériences atomiques en prévision d'une campagne menée contre ses essais nucléaires.
Les positions de la France et du Royaume-Uni
"Introduction à la stratégie atomique. II. La dissuasion" dans Le Monde (5 décembre 1963)
TexteLe 5 décembre 1963, le général André Beaufre, ancien chef d'état-major du Grand Quartier général des Puissances alliées en Europe (SHAPE) et représentant de la France au groupe permanent (instance supérieure de l'OTAN à Washington) jusqu’en 1961, publie un article dans le quotidien français Le Monde, dans lequel il réfléchit sur le concept de la dissuasion dans le cadre de la stratégie atomique. En 1963, le général Beaufre, auteur d'un ouvrage «Introduction à la stratégie», aborde de manière philosophique et universelle la stratégie militaire au XXe siècle.
"Le Royaume-Uni est exhorté à soutenir la MLF" dans The Guardian (23 octobre 1964)
TexteLe 23 octobre 1964, le quotidien britannique The Guardian commente une résolution, adoptée la veille par la Commission des questions de défense et des armements de l’Union de l’Europe occidentale (UEO), qui invite instamment la France et le Royaume-Uni à soutenir la création d'une force multilatérale (MLF).
"L'alliance occidentale confrontée à sa pire crise" dans The Observer (1er novembre 1964)
Texte Suite au refus du gouvernement français de créer une force multilatérale (MLF), visant à doter l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) d’une force nucléaire stratégique intégrée, l'hebdomadaire britannique The Observer, dans son édition du 1er novembre 1964, revient sur la très grave crise euro-atlantique dont la MLF est l’enjeu.
Gerhard Schröder, Joseph Luns et Gordon Walker lors du Conseil des ministres de l'UEO à Bonn (17 novembre 1964)
ImageDu 16 au 17 novembre 1964, le Conseil des ministres de l'Union de l'Europe occidentale (UEO) se réunit à Bonn. Sur la photo en date du 17 novembre, le ministre fédéral des Affaires étrangères Gerhard Schröder (à gauche) s'entretient avec le ministre néerlandais des Affaires étrangères Joseph Luns (au milieu) et le ministre britannique des Affaires étrangères Patrick Gordon Walker (à droite). Le projet d'une force multilatérale nucléaire (MLF) demeure au cœur des discussions entre les différentes délégations présentes à Bonn.
Mémorandum du ministre britannique de la Défense sur les dépenses et la politique en matière de défense (23 mai 1967)
TexteLe 23 mai 1967, Denis Healy, ministre britannique de la Défense, analyse dans un mémorandum interne, la politique de défense du Royaume-Uni à l'égard de l'Extrême-Orient. Au paragraphe 17, ainsi que dans son annexe, le mémorandum détaille les implications politiques et militaires résultant d’un éventuel déploiement de sous-marins nucléaires britanniques Polaris, initialement assignés à l’OTAN, vers les régions à l'est de Suez. Une telle décision risque de porter préjudice aux relations militaires entretenues par le Royaume-Uni avec ses alliés européens et américains.
HMS Resolution, sous-marin nucléaire britannique lanceur d'engins
ImageLe HMS Resolution est le 1er sous-marin nucléaire britannique lanceur d'engins (SNLE). Le 15 février 1968, le sous-marin effectue son premier test de lancement d'un missile nucléaire Polaris et, quatre mois plus tard, en juin 1968, le bâtiment débute ses missions de patrouilles dans la cadre de la dissuasion nucléaire.
Lancement d'un missile mer-sol balistique stratégique Polaris A3 par un sous-marin britannique
ImageUn sous-marin lanceur d'engins (SNLE) britannique effectue un tir de missile Polaris A3. Ce missile mer-sol balistique stratégique devient opérationnel à bord des SNLE de la classe Resolution de la Royal Navy en juin 1968. Le Polaris A3 est une version améliorée, à têtes nucléaires multiples, ayant une portée de 4 631 km.
Chargement d'un missile air-sol de croisière nucléaire à courte portée Blue Steel sur un bombardier stratégique britannique
ImageDes équipes au sol préparent un missile air-sol de croisière nucléaire à courte portée Blue Steel en vue de son chargement dans un bombardier stratégique britannique Handley Page Victor déployé sur une base de la Royal Air Force au Royaume-Uni. Opérationnel dès 1963, et partie intégrante de la force de dissuasion nucléaire britannique, le missile a été retiré du service à la fin de l'année 1970.
"Une force nucléaire européenne «inapplicable»" dans The Guardian (20 juin 1969)
TexteLe 20 juin 1969, au lendemain de la réunion à Paris de l’Assemblée de l’Union de l’Europe occidentale (UEO), le quotidien britannique The Guardian décrit les discussions sur la possible création d’une force nucléaire européenne.
Interview de Michel Debré sur les questions d'armes nucléaires et la sécurité européenne (23 avril 1970)
TexteLe 23 avril 1970, Michel Debré, ministre français de la Défense nationale, accorde au quotidien allemand Die Welt une interview dans laquelle il revient notamment sur la politique de dissuasion nucléaire de la France et sa stratégie d'indépendance en matière de défense.
"Construire sur de la paille" dans The Guardian (28 mai 1973)
TexteLe 28 mai 1973, le quotidien britannique The Guardian publie un article de Julian Critchley, député conservateur et rapporteur du Comité de défense et d'armement de l'Assemblée de l'Union de l'Europe occidentale (UEO), qui précise les enjeux de la force de dissuasion et s'interroge sur la position de la France et du Royaume-Uni en la matière.
Projet de réponse du Conseil de l’UEO à la recommandation 235 de l’Assemblée sur les politiques nucléaires en Europe (Londres, 5 novembre 1973)
TexteLe 5 novembre 1973, le secrétaire général de l’Union de l’Europe occidentale (UEO) communique un projet de réponse du Conseil de l’UEO à la recommandation 235 de l’Assemblée sur les politiques nucléaires en Europe. Le document présente une série d’amendements français, dont la plupart sont retenus pour la réponse définitive à la recommandation, ainsi qu’une série d’amendements britanniques, dont tous sont retenus pour la réponse définitive à la recommandation.
La déclaration d'Ottawa (19 juin 1974)
TexteLa déclaration sur les relations atlantiques, approuvée par le Conseil de l’Atlantique Nord à Ottawa, le 19 juin 1974, et signée par les chefs de gouvernement de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) à Bruxelles, le 26 juin 1974, reconnaît la contribution des forces nucléaires britannique et française à la dissuasion globale de l’OTAN.
Projet de réponse du Conseil de l’UEO à la recommandation 253 de l’Assemblée sur une politique européenne d’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire (Londres, 29 octobre 1974)
TexteLe 29 octobre 1974, le secrétaire général de l’Union de l’Europe occidentale (UEO) communique un projet de réponse du Conseil de l’UEO à la recommandation 253 de l’Assemblée sur une politique européenne d’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire. Le document présente la proposition française originale et une série d’amendements britanniques, dont tous sont retenus pour la réponse définitive à la recommandation (C (74) 195). Les deux délégations soulignent le fait que le garant d’une indépendance de l’Europe dans le domaine nucléaire n’est pas constitué principalement par les réacteurs, mais surtout par l’approvisionnement en uranium et, comme le soulignent les Britanniques, par les moyens d’enrichir ce dernier.
Présentation des missiles nucléaires tactiques français Pluton (20 février 1975)
ImageLe 20 février 1975, le Premier ministre français Jacques Chirac assiste au camp militaire de Mailly à la présentation des missiles nucléaires tactiques français Pluton montés sur des châssis du char AMX.
Recommandation 264 de l’Assemblée de l’UEO sur la prolifération des armes nucléaires (Bonn, 27 mai 1975)
TexteLe 27 mai 1975, l'Assemblée de l'Union de l'Europe occidentale (UEO) adopte la recommandation 264 sur la prolifération des armes nucléaires, incitant le Conseil de l’UEO à demander instamment aux pays membres d’adhérer au traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP) et d’accepter l’application totale des mesures de contrôle prévues par le traité, ainsi que de parler d'une seule voix à la conférence de Genève et d'adopter des positions communes au niveau international.
Projet de réponse des délégations britannique et française du Conseil de l’UEO à la question 160 posée par un membre de l’Assemblée sur les forces nucléaires (Londres, 10 juillet 1975)
TexteLe 10 juillet 1975, le Secrétariat général de l’Union de l’Europe occidentale (UEO) transmet le projet de réponse préparé par les délégations britannique et française à la question 160 posée au Conseil de l’UEO par M. Krieg, membre de l’Assemblée. Le parlementaire demande si les forces nucléaires dont disposent deux pays membres de l’UEO, à savoir la France et le Royaume-Uni, pourraient être susceptibles de jouer un rôle dans un système de défense occidental fondé sur une riposte nucléaire sélective. Les deux délégations répondent que toute force nucléaire est susceptible d’être affectée à un tel système, mais ils soulignent que l’affectation effective relève d’une décision politique. Ainsi les forces nucléaires britanniques sont affectées à l’Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN), tandis que celles de la France ne le sont pas. Toutefois, ils mettent l’accent sur le fait que la déclaration d’Ottawa reconnaît explicitement le rôle dissuasif de la France et du Royaume-Uni au renforcement global de la dissuasion de l’Alliance.
Projet de réponse de la délégation française du Conseil de l’UEO à la recommandation 264 de l’Assemblée sur la prolifération des armes nucléaires (Londres, 30 septembre 1975)
TexteLe 30 septembre 1975, le Secrétariat général de l’Union de l’Europe occidentale (UEO) communique un projet de réponse du Conseil de l’UEO, préparé par la délégation française, à la recommandation 264 de l’Assemblée sur la prolifération des armes nucléaires. Le document affirme notamment que le Conseil n’est pas en mesure de porter un jugement sur le fonctionnement du traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP), car tous les membres de l’UEO ne font pas partie au traité. Toutefois, étant donné que l’accès aux techniques nucléaires est très important pour le développement économique de nombreux pays, les échanges dans ce domaine sont fortement encouragés. En ce qui concerne le contrôle des armements et le désarmement, l’équilibre des forces constitue le facteur capital pour le maintien de la paix. Quant à la protection physique des matières nucléaires, des études plus approfondies sont en cours d’examen dans le cadre de la Communauté économique européenne (CEE) et de l’Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
Amendement proposé par la délégation britannique du Conseil de l’UEO à la recommandation 264 de l’Assemblée sur la prolifération des armes nucléaires (11 novembre 1975)
TexteLe 11 novembre 1975, la délégation britannique du Conseil de l’Union de l’Europe occidentale (UEO) propose de modifier le projet de réponse (WPM (75) 35/A) à la recommandation 264 de l’Assemblée de l’UEO sur la prolifération des armes nucléaires. En effet, les Britanniques souhaitent mettre l'accent sur le fait que la France est le seul des pays membres de l’UEO n’ayant pas signé le traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP).
Projet de réponse du Conseil de l’UEO à la recommandation 264 de l’Assemblée sur la prolifération des armes nucléaires (Londres, 18 novembre 1975)
TexteLe 18 novembre 1975, le Secrétariat général de l’Union de l’Europe occidentale (UEO) communique un projet de réponse du Conseil de l’UEO à la recommandation 264 de l’Assemblée sur la prolifération des armes nucléaires. La proposition d’amendement de la délégation française relative au traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP), met l’accent sur le fait que tous les pays membres du Conseil, signataires ou non du traité, sont fermement attachés au principe de la non-prolifération. Les autres délégations du groupe de travail soulignent cependant que la France est le seul des pays membres de l’UEO n’ayant pas signé le TNP.
Projet de réponse du Conseil de l’UEO à la recommandation 264 de l’Assemblée sur la prolifération des armes nucléaires (21 novembre 1975)
TexteLe 21 novembre 1975, cinq délégations du groupe de travail du Conseil de l’Union de l’Europe occidentale (UEO), élaborant un projet de réponse à la recommandation 264 de l’Assemblée sur la prolifération des armes nucléaires, souhaitent ajouter des précisions à la version proposée par la délégation française. En effet, ils tiennent à mettre l’accent sur le fait que les États signataires du traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP) attachent une importance particulière à l’amélioration des relations internationales, tout en sachant que la France est le seul des pays membres de l’UEO n’ayant pas signé le traité.
Réponse du Conseil de l’UEO à la recommandation 264 de l’Assemblée sur la prolifération des armes nucléaires (Londres, 26 novembre 1975)
TexteLe 26 novembre 1975, le Secrétariat général de l’Union de l’Europe occidentale (UEO) communique la réponse définitive du Conseil de l’UEO à la recommandation 264 de l’Assemblée sur la prolifération des armes nucléaires. La majeure partie du projet de réponse de la délégation française a été retenue pour la réponse. Ainsi, le Conseil souligne que tous les États membres de l'UEO, signataires ou non du traité, sont fermement attachés au principe de la non-prolifération. Étant donné que l’accès aux techniques nucléaires est très important pour le développement économique de nombreux pays, le Conseil encourage les échanges dans ce domaine. En ce qui concerne le contrôle des armements et le désarmement, le Conseil déclare qu’il s’agit d’un sujet de préoccupation pour les gouvernements membres de l’UEO, mais rappelle également que l’équilibre des forces constitue le facteur capital pour le maintien de la paix. Quant à la protection physique des matières nucléaires, le Conseil précise que ce problème concerne tous les États et que des études plus approfondies sont en cours d’examen dans le cadre de la Communauté économique européenne (CEE) et de l’Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
Recommandation 310 de l’Assemblée de l’UEO sur la diffusion de l’énergie nucléaire et les problèmes de défense (Paris, 30 novembre 1977)
TexteLe 30 novembre 1977, l'Assemblée de l'Union de l'Europe occidentale (UEO) adopte la recommandation 310 sur la diffusion de l’énergie nucléaire et les problèmes de défense, demandant notamment au Conseil de l’UEO d’encourager la coopération au niveau mondial en matière de contrôle des activités relatives à l’énergie nucléaire.
Projet de réponse de la délégation française du Conseil de l’UEO à la recommandation 310 de l’Assemblée sur la diffusion de l’énergie nucléaire et les problèmes de défense (Londres, 20 janvier 1978)
TexteLe 20 janvier 1978, le secrétaire général de l’Union de l’Europe occidentale (UEO) communique un projet de réponse du Conseil de l’UEO, préparé par la délégation française, à la recommandation 310 de l’Assemblée sur la diffusion de l’énergie nucléaire et les problèmes de défense. Le document souligne que les gouvernements membres du Conseil de l’UEO encouragent la coopération en matière de contrôle de l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire entre pays exportateurs de technologie nucléaire, mais rappelle également que le contrôle de toutes les exportations sensibles à destination d’États non dotés d’armes nucléaires revient à l’Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). En ce qui concerne la protection des installations et des matières nucléaires, la délégation française précise que chaque État est seul responsable des modalités de la mise en œuvre de cette protection. Des études sur différentes mesures de protection sur le plan international sont toutefois en cours d’examen dans le cadre de l’AIEA. La formulation de ce projet de réponse français est presque entièrement reprise dans la réponse définitive du Conseil (C (78) 52).
Lettre du colonel Hugo au directeur de l'ACA sur le contrôle de la force nucléaire tactique (24 janvier 1979)
TexteLe 24 janvier 1979, le colonel Hugo, de la division II "Inspections et contrôles" de l’Agence pour le contrôle des armements (ACA) de l’Union de l’Europe occidentale (UEO) adresse une lettre au directeur de l'ACA dans laquelle il fait état de la situation en matière de contrôle des forces nucléaires tactiques. La lettre évoque notamment le cas de la France qui, si elle persiste dans son refus de contrôle, pourra aller jusqu’à ne pas déclarer les éléments de sa force de frappe tactique ainsi que les moyens de lancement. Il s’agirait là d’une décision hautement politique que le Conseil devra traiter alors de manière appropriée.
Les positions de la France et du Royaume-Uni
"Paris adopte la position de "dernier avertissement " dans The Guardian (1er décembre 1982)
TexteLe 1er décembre 1982, le quotidien britannique The Guardian commente la réorganisation de la politique de défense française.
Interview de Francis Gutmann (Paris, 10 septembre 2014) – Extrait: les relations franco-britanniques dans le domaine de la défense
VidéoDans cet extrait d'interview, Francis Gutmann, fonctionnaire au ministère français des Affaires étrangères de 1951 à 1957 et secrétaire général du ministère français des Relations extérieures de 1981 à 1985, revient sur la nature des relations franco-britanniques dans le domaine de la défense depuis la création de l’Union de l’Europe occidentale (UEO) en 1954 jusqu’à l'achat des missiles américains Polaris par le Royaume-Uni en 1962 qui s’est avéré être un révélateur de divergences fondamentales entre les deux États et qui s’est également répercuté sur les débats au sein de l’UEO.
Quel débat au sein de l’UEO?
Extrait du procès-verbal de la réunion conjointe du Conseil de l’UEO et de la Commission des questions de défense de l'Assemblée (2 juillet 1957)
TexteLors d’une réunion conjointe, tenue le 2 juillet 1957, le Conseil de l’Union de l’Europe occidentale (UEO) répond aux questions de la Commission des questions de défense de l'Assemblée de l’UEO. En ce qui concerne les activités de l’Agence pour le contrôle des armements (ACA), et plus particulièrement les questions relatives aux essais nucléaires, l’ambassadeur français Jean Chauvel déclare à plusieurs reprises que le Conseil n’est pas en position de fournir, ou n’est pas autorisé à fournir, des réponses dans ce domaine, certains points étant déjà traité au sein du sous-comité désarmement de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN).
Extrait du procès-verbal de la réunion conjointe du Conseil de l’UEO et de la Commission des questions de défense de l'Assemblée (16 avril 1959)
TexteLors d’une réunion conjointe, tenue le 16 avril 1959, le Conseil de l’Union de l’Europe occidentale (UEO) répond aux questions de la Commission des questions de défense de l'Assemblée de l’UEO. Les discussions portent sur l'intégration de la défense aérienne européenne au sein de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN), l'installation d'engins IRBM (Intermediate Range Ballistic Missile) en Europe et l'équipement des forces de l'OTAN avec des engins capables de porter des charges atomiques. En ce qui concerne les demandes de l'Assemblée sur la nouvelle organisation de la défense nationale de la France, le président du Conseil, Maurice Couve de Murville, qui est aussi ministre français des Affaires étrangères, indique que le Conseil a estimé que de telles questions ne sont pas de la compétence de l'UEO, mais en tant que représentant de la France, il ne voit aucune objection pour exposer les grandes lignes directrices de la nouvelle organisation de la défense nationale de son pays.
Recommandation 40 de l’Assemblée de l’UEO sur l'état de la sécurité européenne (Paris, 3 décembre 1959)
TexteLe 3 décembre 1959, l'Assemblée de l'Union de l'Europe occidentale (UEO) adopte la recommandation 40 sur l'état de la sécurité en Europe, demandant notamment au Conseil de l’UEO de fonder la politique régionale en matière de sécurité européenne dans le cadre de l'Alliance atlantique sur deux facteurs: la création d'une force nucléaire stratégique européenne commune ainsi que l'amélioration des forces terrestres, navales, aériennes tactiques et de défense aérienne en Europe. L'Assemblée fait en outre des recommandations sur la standardisation et l'utilisation rationnelle des moyens de défense aériens.
Réponse du Conseil de l’UEO à la recommandation 40 de l’Assemblée sur l'état de la sécurité européenne (Londres, 14 juillet 1960)
TexteLe 14 juillet 1960, le Conseil de l’Union de l’Europe occidentale (UEO) communique sa réponse définitive à la recommandation 40 de l’Assemblée sur l'état de la sécurité européenne. Le Conseil apprécie l'attention que la Commission des questions de défense et des armements de l'Assemblée a apporté à l'étude des problèmes de défense des pays membres de l'UEO. Le Conseil ne peut cependant accepter la thèse de l'Assemblée selon laquelle l'état d'équilibre nucléaire fait naître la menace d'une guerre limitée en Europe, puisque la doctrine de l'OTAN exclut une telle guerre. Elle prévoit notamment que le bouclier de l'Alliance doit être suffisamment fort pour décourager toute agression mineure. De plus, le Conseil ne peut accepter la recommandation de l'Assemblée concernant l'adoption d'une politique régionale en matière de sécurité européenne dans le cadre de l'Alliance atlantique, car il est convaincu que la défense collective de l'Europe et de l'Amérique du Nord doit reposer sur cette organisation. En effet, il ne peut pas admettre qu'en cas d'attaque sur l'un des membres de l'OTAN, les autres États pourraient ne pas apporter leur appui total. En outre, le Conseil juge inacceptable la création d'une force nucléaire stratégique européenne commune sous le contrôle de l'UEO. Pour ce qui est de la coopération dans le domaine de la production des armements, le Conseil explique que l'expérience a démontré qu'il n'est guère possible d'établir un plan général de production en commun d'armements.
Extrait du procès-verbal de la réunion conjointe de la Commission des Affaires générales de l'Assemblée et du Conseil de l’UEO (Bruxelles, 25 octobre 1960)
TexteLors d’une réunion conjointe, qui s'est tenue le 25 octobre 1960 à Bruxelles, le Conseil de l’Union de l’Europe occidentale (UEO) répond aux questions de la Commission des Affaires générales de l’Assemblée de l’UEO. La Commission s’interroge sur une possible adhésion du Royaume-Uni aux Communautés européennes (CE) et plus particulièrement sur son adhésion à la Communauté européenne de l'énergie atomique (Euratom). Le président du Conseil affirme que dans l’état des choses et vu que ce dossier est en cours d’examen, il lui paraît difficile de préjuger de l’issue de ce débat. Outre l'adhésion du Royaume-Uni à l'Euratom, la Commission pose diverses autres questions liées au fonctionnement et aux activités des Communautés dont certaines tombent en dehors du cadre des compétences de l’UEO, mais le président souligne l’utilité de l’UEO pour permettre des rencontres et des échanges d’idées entre les Six et le Royaume-Uni.
Recommandation 57 de l’Assemblée de l’UEO sur l'état de la sécurité européenne et la constitution d'une force nucléaire OTAN (Paris, 1er décembre 1960)
TexteLe 1er décembre 1960, l'Assemblée de l'Union de l'Europe occidentale (UEO) adopte la recommandation 57 sur l'état de la sécurité européenne et la constitution d'une force nucléaire OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique Nord). Souhaitant que la défense de l'Europe soit assurée, et soucieuse d'éviter une prolifération dangereuse et coûteuse des armes atomiques, l'Assemblée recommande au Conseil de l'UEO de remédier aux insuffisances de la défense conventionnelle, de constituer au sein de l'OTAN une force nucléaire permanente placée sous une responsabilité unique, englobant tous les moyens nucléaires présents en Europe et d'arrêter dans le cadre du Conseil de l'Atlantique Nord les procédures communes pour l'emploi de ces armes nucléaires. L'Assemblée demande également que ces trois propositions soient communiquées au Conseil de l'Atlantique Nord lors de sa réunion les 16 et 17 décembre 1960 à Paris.
Réponse du Conseil de l’UEO à la recommandation 57 de l’Assemblée sur l'état de la sécurité européenne et la constitution d'une force nucléaire OTAN (7 décembre 1960)
TexteLors de la 168e réunion du Conseil de l’Union de l’Europe occidentale (UEO), tenue le 7 décembre 1960, le Conseil examine la recommandation 57 de l'Assemblée de l'UEO sur l'état de la sécurité européenne et la constitution d'une force nucléaire OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique Nord). Le Conseil décide de suivre la demande de l'Assemblée et de communiquer ses propositions au Conseil de l'Atlantique Nord lors de sa réunion les 16 et 17 décembre 1960 à Paris, mais le Conseil n'envisage pas de tenir l'Assemblée informée des progrès accomplis au sein de l'OTAN. Quant au fond de la recommandation, comme les problèmes qui y sont soulevés seront discutés à la réunion ministérielle de l'OTAN, le Conseil estime qu'il ne servirait à rien de les examiner pour le moment.
Séance inaugurale du Conseil des ministres de l'UEO à Bonn (16 novembre 1964)
ImageDu 16 au 17 novembre 1964, le Conseil des ministres de l'Union de l'Europe occidentale (UEO) se réunit pour deux jours de travaux à Bonn en République fédérale d’Allemagne (RFA). La réunion qui s'ouvre, sous la présidence du ministre fédéral des Affaires étrangères Gerhard Schröder, aborde notamment la difficile question du projet de force multilatérale nucléaire (MLF). Sur la photo: Séance d'ouverture inaugurale dans le salon «Europe» du ministère allemand des Affaires étrangères, le 16 novembre 1964.
"L'UEO veut une force nucléaire atlantique" dans The Guardian (3 décembre 1964)
TexteLe 3 décembre 1964, le quotidien britannique The Guardian commente la décision de l'Assemblée de l'Union de l'Europe occidentale (UEO) en faveur de la création d'une force nucléaire atlantique sur une base multilatérale, formule issue d'un amendement du parlementaire britannique Lord Kennet, et en détaille les principaux enjeux.
Puissance militaire soviétique: colonne de chars de l'Armée rouge (1er octobre 1970)
ImageLe 1er octobre 1970, des chars soviétiques participent à des manœuvres conjointes au sein du pacte de Varsovie. Le renforcement militaire du pacte de Varsovie et sa supériorité numérique en matériel et en hommes sur l’Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) remettent en question l’aptitude de l’Alliance atlantique à appliquer une défense classique forte et pose la question de la réévaluation de l’engagement nucléaire américain sur le théâtre européen.
Recommandation 235 de l’Assemblée de l’UEO sur les politiques nucléaires en Europe (Paris, 19 juin 1973)
TexteLe 19 juin 1973, l'Assemblée de l'Union de l'Europe occidentale (UEO) adopte la recommandation 235 sur les politiques nucléaires en Europe, encourageant le Conseil de l’UEO à promouvoir une politique européenne d’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire et à étudier, avec les États-Unis, les possibilités d'adoption de politiques nucléaires atlantiques communes.
Réponse du Conseil de l’UEO à la recommandation 235 de l’Assemblée sur les politiques nucléaires en Europe (Londres, 16 novembre 1973)
TexteLe 16 novembre 1973, le secrétaire général de l’Union de l’Europe occidentale (UEO) communique la réponse définitive du Conseil de l’UEO à la recommandation 235 de l’Assemblée sur les politiques nucléaires en Europe. Le Conseil met l’accent sur les différents programmes qui ont déjà été lancés au sein de la Communauté des Neuf, mais aussi dans un cadre plus large, notamment en coopération avec l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), pour promouvoir une politique d’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire. Il se félicite également des progrès constatés dans la coordination de l’enrichissement d’uranium, ainsi que de l’élargissement de cette coopération vers d’autres pays de l’Europe occidentale. Pour ce qui est de l’adoption des politiques nucléaires atlantiques communes, il est cependant trop tôt, selon le Conseil, pour dire comment la coopération avec les États-Unis se développera.
Recommandation 253 de l’Assemblée de l’UEO sur une politique européenne d’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire (Paris, 19 juin 1974)
TexteLe 19 juin 1974, l'Assemblée de l'Union de l'Europe occidentale (UEO) adopte la recommandation 253 sur une politique européenne d’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire.
Réponse du Conseil de l’UEO à la question 143 posée par un membre de l’Assemblée sur les essais nucléaires français et britanniques (Londres, 17 septembre 1974)
TexteLe 17 septembre 1974, le secrétaire général de l’Union de l’Europe occidentale (UEO) communique la réponse définitive du Conseil de l’UEO à la question 143 posée par un membre de l’Assemblée sur les essais nucléaires. Le document reprend le projet de réponse (C (74) 134) qui a été établi par les délégations françaises et britanniques. Étant donné que leurs pays sont directement concernés par la question, les deux délégations se sont en effet proposées de formuler la réponse. Elles soulignent que ni le traité de Bruxelles de 1948, ni les accords de Paris de 1954 n’obligent les pays signataires d’informer le Conseil de l’UEO de leurs essais d’armes nucléaires. Français et Britanniques reconnaissent que leurs gouvernements ont des approches différentes quant aux types d’essais nucléaires, mais ils affirment que ceci n’empêche pas leurs pays d’entretenir des rapports d’amis et d’alliés. Par ailleurs, en ce qui concerne les expériences nucléaires souterraines, le Conseil n'est pas compétent pour démarcher le gouvernement américain. Il appartient seule à la France de décider de ses intentions dans ce domaine.
Réponse du Conseil de l’UEO à la recommandation 253 de l’Assemblée sur une politique européenne d’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire (Londres, 27 novembre 1974)
TexteLe 27 novembre 1974, le secrétaire général de l’Union de l’Europe occidentale (UEO) communique la réponse définitive du Conseil de l’UEO à la recommandation 253 de l’Assemblée sur une politique européenne d’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire. Le Conseil se félicite des efforts mis en place pour promouvoir une certaine concertation des politiques nationales en matière de l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire au moyen de rencontres régulières au sein des instances de coopération européennes, mais souligne notamment le fait que le garant d’une indépendance de l’Europe dans le domaine nucléaire n’est pas constitué principalement par les réacteurs, mais plutôt par l’approvisionnement en uranium et par les moyens d’enrichir ce dernier.
Extrait du compte rendu de la 498e réunion du Conseil de l’UEO concernant la question 160 de l'Assemblée de l'UEO (17 septembre 1975)
TexteLors de la 498e réunion du Conseil de l’Union de l’Europe occidentale (UEO), tenue le 17 septembre 1975, les délégations reviennent sur les projets de réponse à la question 160 posée au Conseil de l’UEO par M. Krieg, membre de l’Assemblée. Le parlementaire voulait savoir si les forces nucléaires dont disposent deux pays membres de l’UEO, à savoir la France et le Royaume-Uni, pourraient être susceptibles de jouer un rôle dans un système de défense occidental fondé sur une riposte nucléaire sélective. Le Conseil doit constater que les délégations ont du mal à se mettre d'accord sur une réponse. Contrairement aux Néerlandais, les Français et les Britanniques souhaitent en effet mettre l’accent sur le fait que la déclaration d’Ottawa reconnaît explicitement le rôle dissuasif de la France et du Royaume-Uni au renforcement global de la dissuasion de l’Alliance atlantique.
Projet de réponse du Conseil de l’UEO à la question 160 posée par un membre de l’Assemblée sur les forces nucléaires (Londres, 18 septembre 1975)
TexteLe 18 septembre 1975, le Conseil de l’Union de l’Europe occidentale (UEO) diffuse un projet de réponse à la question 160 posée par M. Krieg, membre de l’Assemblée. Le parlementaire demande si les forces nucléaires dont disposent deux pays membres de l’UEO, à savoir la France et le Royaume-Uni, pourraient être susceptibles de jouer un rôle dans un système de défense occidental fondé sur une riposte nucléaire sélective. Le projet de réponse, établi à la suite de la discussion intervenue à la réunion du Conseil du 17 septembre 1975, présente la proposition anglo-française originale (WPM (75) 24) ainsi qu’une série d’amendements proposés par d’autres délégations. Les avis diffèrent notamment sur le paragraphe relatif à la déclaration d’Ottawa qui, selon les Français et Britanniques, reconnaît explicitement le rôle dissuasif des deux pays au renforcement global de la dissuasion de l’Alliance.
Projet de réponse du Conseil de l’UEO à la question 160 posée par un membre de l’Assemblée sur les forces nucléaires (Londres, 10 octobre 1975)
TexteLe 10 octobre 1975, le Conseil de l’Union de l’Europe occidentale (UEO) diffuse un projet de réponse à la question 160 posée par M. Krieg, membre de l’Assemblée. Le parlementaire demande si les forces nucléaires dont disposent deux pays membres de l’UEO, à savoir la France et le Royaume-Uni, pourraient être susceptibles de jouer un rôle dans un système de défense occidental fondé sur une riposte nucléaire sélective. En l'absence d'accord sur l'ensemble de la réponse, la délégation allemande suggère que le Conseil limite sa réponse. Les avis diffèrent sur le paragraphe relatif à la déclaration d’Ottawa entre, d'une part, les Néerlandais et, d'autre part, les Français et Britanniques, ces derniers reconnaissant explicitement le rôle dissuasif des deux pays au renforcement global de la dissuasion de l’Alliance.
Extrait du compte rendu de la 501e réunion du Conseil de l’UEO (17 décembre 1975)
TexteLors de la 501e réunion du Conseil de l’Union de l’Europe occidentale (UEO), tenue le 17 décembre 1975, les délégations reviennent sur la question 160 posée par M. Krieg, membre de l’Assemblée. Le parlementaire demandait en effet si les forces nucléaires dont disposent deux pays membres de l’UEO, à savoir la France et le Royaume-Uni, pourraient être susceptibles de jouer un rôle dans un système de défense occidental fondé sur une riposte nucléaire sélective. Le Conseil doit cependant constater qu'il n'arrive pas à se mettre d'accord sur un texte de réponse.
Projet de réponse de la délégation française du Conseil de l’UEO à la recommandation 310 de l’Assemblée sur la diffusion de l’énergie nucléaire et les problèmes de défense (Londres, 21 mars 1978)
TexteLe 21 mars 1978, le secrétaire général de l’Union de l’Europe occidentale (UEO) communique la réponse définitive du Conseil de l’UEO à la recommandation 310 de l’Assemblée sur la diffusion de l’énergie nucléaire et les problèmes de défense. Le Conseil souligne que les gouvernements membres du Conseil de l’UEO encouragent la coopération en matière de contrôle de l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire entre les pays fournisseurs, mais il rappelle également que le contrôle de toutes les exportations sensibles à destination d’États non dotés d’armes nucléaires revient à l’Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). En ce qui concerne la protection des installations et des matières nucléaires, le Conseil précise que chaque État est seul responsable des modalités de la mise en œuvre de cette protection. Des études sur différentes mesures de protection sur le plan international sont toutefois en cours d’examen dans le cadre de l’AIEA.
"Les parlementaires de l'UEO débattent du rôle des forces de dissuasion française et britannique" dans Le Monde (4 décembre 1980)
TexteLe 4 décembre 1980, le quotidien français Le Monde détaille les travaux des parlementaires de l'Assemblée de l'Union de l'Europe occidentale (UEO) sur la question du rôle des forces de dissuasion français et britannique et précise l'opposition des autorités gouvernementales françaises quant à l'idée d'une coordination plus étroite des leurs forces stratégiques avec l'état-major de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN).