Albums publics

GP_COURNOYER_TAILLON

INTRODUCTION L'Europe a toujours été au centre des relations politiques sur le plan international. D'ailleurs, après la Deuxième Guerre mondiale, l'Europe devait remettre sur pied une alliance politique favorisant le développement économique. C'est pourquoi, en 1957, les Traités de Rome furent signés pour créer un marché commun. Ceux-ci ont débuté de diverses alliances pour enfin, relier les puissances de l'Europe. Tout d'abord, il eut la Communauté européenne de charbon et de l'acier (CECA) qui réunissait la France, l'Italie, les Pays du Benelux et la RFA (Allemagne). Ce n'est que six ans plus tard, dut à l'échec de la Communauté européenne de la défense (CED), que la CECA dut s'agrandir. Pour ce faire, on créa la Communauté européenne économique (CEE) et la communauté de l'énergie atomique c'est-à-dire, l'Euratom. Ceux-ci permettent une plus grande alliance de l'Europe pour bénéficier d'un contrôle atomique et améliorer le développement économique de l'Europe en créant une zone de libre-échange (Deschamps, European Navigator). Ce fut cela que débattaient les pays concernés par les Traités de Rome. Ces traités furent signés le 25 mars à 18 heures au Palais du Capitole de Rome. Les signataires les plus importants étaient Paul-Henri Spaak, le ministre des Affaires étrangères de Belgique, le chancelier Kondrad Adenauer de la République fédérale d'Allemagne, Christian Pineau, le secrétaire des Affaires étrangères de la France, Antonio Sergi, président du Conseil en Italie, Lambert Schaus, ambassadeur de Bruxelles à Luxembourg et Joseph Luns, ministre des Affaires étrangères des Pays-Bas. (Deschamps, European Navigator). Ces traités furent signés, mais ils ont suscité plusieurs désaccords entre les pays concernés et amenèrent plusieurs débats enflammés qui reflétaient des différences idéologiques. En ce sens, il serait pertinent d'élaborer les opinions des États signataires, plus particulièrement le point de vue Franco-Germanique des Traités de Rome. Afin de mieux les comprendre, il sera important de décrire l'opinion de la France et de la RFA pour ensuite, y déceler les liens qui les relient et qui les éloignent. En comparant ses deux plus grands opposés, il sera plus facile de comprendre la ratification du Traité de Rome de 1957. Opinion de la France Sachant que la France était à la fin de sa 4e République et qu'elle était gouvernée par le 17e président de la République française, René Coty, le pays nécessitait un changement d'organisation radical dût à son instabilité politique. De plus, la France, impérialiste, vivait l'apogée de la guerre d'Algérie, c'est pourquoi la plupart des ressources étaient consacrées à cette violente guérilla qui ne se terminera qu'en 1962 sous le pouvoir de De Gaulle. Suite à la Deuxième Guerre mondiale, la France réussit à retrouver une prospérité économique, les Trente Glorieuses, qui furent principalement soutenues par les traités de l'Europe de l'Ouest tel que la CECA en 1951 et la CED en 1954, qui ont tout deux été des échecs. Le Traité de Rome de mars 1957 qui réunissait l'Euratom et la CEE fut un vrai succès pour l'économie de la France et cela, malgré certains désaccords des pays concernés. Tout d'abord, la France joue un rôle prépondérant dans les traités de Rome, car elle détient beaucoup d'influence dût à son droit de veto découlant de sa permanence au sein du Conseil des Nations Unies et elle tâche de bien s'en servir. Il est sans oublier que la France a gagné en popularité lors des pourparlers de l'accord du 20 février 1957, ce qui permet un plus grand nombre de manœuvres à sa guise. (Deschamps, European Navigator). En ce qui concerne l'Euratom, la France est très motivée à développer cette communauté, car elle est le pays le mieux développé en matière atomique et cela lui donne la possibilité de contrôler l'énergie nucléaire sur les cinq autres pays du traité. En plus, elle peut particulièrement veiller sur l'engagement germanique de 1954 pour qu'elle ne puisse s'approprier de l'arme atomique (Le Monde, Faure,1957). À ce niveau justement, il y a une contradiction, puisque la France est le seul pays à posséder d'importants gisements d'uranium et elle devrait donc, une fois le traité ratifié, partager cette ressource avec tous les autres pays membres, ce qui permettrait aussi à la RFA d'avoir recours aux ressources nécessaires pour fabriquer l'arme atomique. En ce sens, il est peu avantageux pour la France de signer puisque malgré son influence, la France craint que le traité permette aux Allemands de fabriquer l'arme atomique et qu'il diminue considérablement ses ressources. Par contre, si elle ne signait pas l'Euratom, elle augmenterait sa dépendance face aux États-Unis qui leur fournit les combustibles nucléaires nécessaires au développement de l'industrie atomique française (Le Monde, Faure,1957). Donc, pour devenir indépendante, la France devait s'allier aux pays membres de l'Euratom, car elle détient quand même une position enviable vu sa possession d'énergie atomique et son influence malgré sa crainte de la RFA. Donc, son point de vue pour l'Euratom est positif. En ce qui concerne le Marché commun, la France était plutôt réticente, car elle voulait absolument protéger l'Union française (Afrique française et l'Algérie), son économie et ses ressources. C'est pourquoi la France insiste pour obtenir les mêmes lois et les mêmes restrictions de production et d'agriculture pour tous les pays membres. Il est important de savoir que l'Allemagne avait quant à elle, beaucoup d'influence grâce à son monopole économique ce qui permettait de mettre la France et les autres pays les subordonnés des monopoles allemands. Pour ce qui a trait au commerce international, cela brimerait l'indépendance française, puisque la RFA pourrait dominer le marché économique international, car elle est la plus puissante au point de vue économique et la France perdrait sa liberté d'entretenir des relations internationales (L'Humanité, 1957). De plus, la France aimerait ouvrir son marché outre-mer, c'est-à-dire jusqu'aux États-Unis et les inclure dans le Marché commun et dans les relations militaires. Par contre, cette idée n'est pas favorable à la majorité des pays concernés et donc, la France perd de son influence économique auprès des pays qui ne partagent pas cette idée, c'est-à-dire une majorité. Bref, la France veut contrôler l'Euratom et de ce fait contrôler la RFA et veiller à ce qu'elle ne se fabrique pas d'arme nucléaire. Par contre, le problème dans cette volonté de diriger est que la France n'accepte pas que la RFA contrôle le Marché commun (L'Humanité, 1957). Ce qui crée une indécision de la France à signer le Traité, mais finalement, elle réussit à atténuer les risques grâce à des accords et signe finalement le traité. Opinion allemande (RFA) Sortant de deux guerres extrêmement coûteuses, la République fédérale d'Allemagne (RFA) désire retrouver sa puissance économique qu'elle possédait avant la Première Guerre mondiale. Pour arriver à ce propos, elle n'a pas autre choix que de faire appel à une union économique de l'Europe, tout comme les États signataires du Traité de Rome de mars 1957. De ce fait, le traité de la communauté économique européenne (CEE) et de l'Euratom est pour les six Pays de la Communauté du charbon et de l'acier (CECA) perçus comme la dernière prospective de la survie de l'Europe de l'ouest. Selon le gouvernement de la RFA, ces traités sont « la dernière possibilité de garantir notre liberté, notre réussite économique et notre progrès social.» (Süddeutsche Zeitung, 1957, p.1) . C'est donc dans cette optique que la RFA décida de ratifier les traités de Rome, malgré certains éléments qui ne font pas l'unanimité chez les Allemands. La position allemande à l'égard de ces traités est dans certains points favorables, et défavorables pour d'autres. Selon la déclaration fédérale lue par M. Walter Hallstein, secrétaire d'État de la RFA, la mise en vigueur du marché commun n'entrainera pas de hausse du coût de la vie pour l'Allemagne de l'Ouest. Malgré le caractère prospère du traité, il y a un bon nombre de clauses qui sont défavorables à la république fédérale, ce que les sociaux-démocrates se sont empressés à faire la notice. Pour ce qui est du niveau de syndicalisation et de qualité des conditions des travailleurs, le marché commun n'apporte aucun progrès tangible à ce niveau. (Süddeutsche Zeitung, 1957, p.1) Pour ce qui a trait à la perspective économique, l'omission quasi complète du domaine de l'agriculture inquiète la République fédérale. Ce dernier craint un protectionnisme avide au niveau des droits de douane de la CEE. De plus, l'Allemagne de l'Ouest se retrouve perdante au niveau des droits de douane extérieurs. Ayant un droit de douane très faible, la moyenne arithmétique des tarifs douaniers des pays signataires des traités de Rome résultera du droit de douane commun pour tous, ce qui fera augmenter le droit de douane de la RFA. (Thoma, 1957, p.9) De plus, le marché commun pose une problématique au niveau du commerce outre-mer. L'augmentation des droits de douane à l'égard des pays hors continent européen occasionne une fermeture de marché importante. Le commerce outre-mer pratiqué principalement avec les États-Unis a été bénéfique. Cela a permis à la République fédérale de stabiliser ses prix et occasionner un mouvement de libre-échangiste, entre autres. De ce fait, l'augmentation des tarifs douaniers va encourager le commerce intérieur européen, qui à court terme amènera de la prospérité à la CEE certes, mais qui à long terme peut mener à une autarcie généralisée. De plus, L'Allemagne craint son principal partenaire économique; la France. Jouissant d'un statut spécial sur les droits à l'importation et à l'exportation et après un succès flamboyant aux pourparlers de l'accord du 20 février 1957, l'Allemagne de l'Ouest redoute du ‘'pouvoir'' français. Cette dernière ne veut pas supporter et être associée a une cause d'ailleurs désespérée qu'est le colonialisme. (De Murville, 1957, p.1) Ajoutons également que le droit de véto français effraye les Allemands. La France est toujours dans un impérialisme lourd et l'on craint une mise en tutelle de la CEE par cette dernière. L'Allemagne de l'Ouest craint donc une fermeture du marché extérieur et la certes, mais n'a pas le choix d'intégrer la Communauté économique européenne pour retrouver la puissance économique d'avant-guerre, il est « le garant de la liberté politique et de l'existence du peuple allemand.» (Süddeutsche Zeitung, 1957, p.2) Comparaison France/RFA (Allemagne) La position française ainsi que la position germanique au sujet des traités de Rome diffèrent principalement dans les intérêts défendus par les deux États. Il ne faut pas oublier la tension qu'ont provoquée les deux guerres antérieures entre les Allemands et les Français. Malgré la paix obtenue, l'idéologie libéraliste et impérialiste française ne s'accorde pas du tout avec les sociaux-démocrates de la République fédérale allemande. D'abord, la France a un fort intérêt à patronner le traité de l'Euratom, étant donné sa grande richesse en uranium sur son territoire. Par contre, la RFA ne voit pas grand intérêt à la ratification de ce projet, n'ayant pas de ressources dans sa région, ce qui pose problème à l'échelle nationale. (Bech, 1967, p.5) De plus, elle s'est engagée en 1954 à ne pas se procurer l'arme nucléaire. De plus, remarquons une crainte mutuelle des deux partis l'un envers l'autre. Ayant beaucoup d'influence dans leur sphère de spécialisation, ces deux États craignent la mise en tutelle par le compétiteur. Par contre, comme ils possèdent tous deux de grands monopoles économiques, dont la RFA est la plus puissante, ces pays pourraient s'enrichir beaucoup plus facilement, puisque la suppression des tarifs douaniers entraînerait une lutte de concurrence et que cela abaisserait le niveau de vie des travailleurs des pays subordonnées, car les monopoles de la RFA et de la France pourraient pousser cette lutte à leur avantage économique. Ajoutons également que la République fédérale détient un plus grand contrôle du marché commun, ce que la France très conservatrice craint. Du côté de cette dernière, comme mentionnée ci-dessus, se spécialise dans le nucléaire, ce que la RFA, dépourvue de ressources nucléaires, redoute. Par contre, ces deux États ont tout de même un grand avantage dans ces traités. Pour retrouver leur puissance financière antérieure, une alliance économique n'est pas négligeable. C'est en s'alliant que l'Europe survivra monétairement et reprendra une place d'envergure sur la scène internationale. CONCLUSION Le traité de Rome de mars 1957 fut un succès pour les États signataires malgré leurs craintes et leurs désaccords. Il est important de considérer les descriptions de la République démocratique d'Allemagne(RFA) et la France pour bien cibler les accords du traité selon les avantages et les désavantages de chacun. Il est certain que nous avons ciblé les plus puissants États signataires, mais il ne faut pas oublier que pour chaque pays-membre le dilemme résultait toujours de pour et de contres. La France, déjà avantagée par son droit de Veto et sa popularité, menait avec influence l'Euratom, mais elle fut prise au dépourvue lorsqu'elle apprit qu'elle pouvait donner les moyens requis à la RFA de s'approprier l'arme nucléaire. La crainte est toujours vivante, même lors d'alliances. La France était moins avantagée auprès de la Communauté économique européenne(CEE) puisqu'elle ne possédait pas nécessairement le plus grand monopole de l'économie. En ce qui concerne la RFA, elle est en accord et en désaccord sur différents points du traité. Elle accepte faire partie de l'Euratom puisqu'elle en retourne avantagée, mais elle craint la France face au Marché commun, puisque le tarif douanier ne désavantage la république, elle hésite, mais la RFA est consciente que la CEE est une alliance promettant la prospérité économique. La comparaison des deux puissances laisse paraître une crainte mutuelle et elle est considérée dans tous les détails du traité. Malgré tout, le Conseil des Affaires étrangères de France, Christian Pineau et le chancelier Kondrad Adenauer de la République fédérale d'Allemagne ont finalement signé le traité. Par contre, l'Euratom n'a pas été un franc succès, puisque l'organisation aidant à promouvoir l'énergie atomique fut surpassée par l'énergie pétrolière et donc, l'Euratom tombe à l'échec. Les traités de Rome ont quand même valu de très grands avantages économiques, car l'Europe de l'Ouest est prospère et que les traités de Rome ont inauguré un plus vaste projet, qu'est l'Union européenne telle que nous la connaissons aujourd'hui. MÉDIAGRAPHIE - BECH, Joseph. « L'Europe et les traités de Rome». European Navigator (avril 1967). [En ligne]. http://www.ena.lu?lang=1&doc=24858 (Page consultée le 28 février 2009). - DESCHAMPS, Étienne. « La signature des traités de Rome ». European Navigator. [En ligne]. http://www.ena.lu?lang=1&doc=26527. (Page consultée le 19 avril 2009) -DE MURVILLE, Maurice Couve. « État de l'opinion allemande sur le marché commun, mars 1957» 50e de la signature des traités de Rome. [En ligne]. http://www.traitederome.fr/fr/histoire-du-traite-de-rome/archives-diplomatiques/la-conference-intergouvernementale-juin-1956-mars-1957/etat-de-l-opinion-allemande-sur-le-marche-commun-mars-1957.html (Page consultée le 16 avril 2009). - FAURE, Maurice. « Refuser l'Euratom c'est accroître la dépendance de la France ». Le Monde (4 juillet 1956). [En ligne]. http://www.ena.lu?lang=1&doc=25104 (Page consultée le 19 avril 2009). -HOCKE, Gustav René. « Signature solennelle des traités européens». Süddeutsche Zeitung (26 mars 1957). [En ligne]. http://www.ena.lu?lang=2&doc=1267 (Page consultée le 16 avril 2009). - SIEBKER, M. « Où en est l'économie nucléaire allemande? ». Frankfurter Allgemeine Zeitung (11 février 1956). [En ligne]. http://www.ena.lu?lang=1&doc=13959 (Page consultée le 19 avril 2009). - THOMA, Franz. « Un prix élevé». Süddeutsche Zeitung (1er mars 1957). [En ligne]. http://www.ena.lu?lang=1&doc=3020 (Page consultée le 16 avril 2009). -.« Débat au Bundestag sur les traités européens». Süddeutsche Zeitung ( 22 mars 1957). [En ligne]. http://www.ena.lu?lang=1&doc=3047 (Page consultée le 16 avril 2009). -« Euratom et Marché commun menacent gravement la France ». L'Humanité. (25 mars 1957) [En ligne]. http://www.ena.lu?lang=1&doc=25809. (Page consultée le 17 avril 2009)