Les troubles monétaires en Europe
Les troubles monétaires en Europe
A la fin des années soixante et au début des années soixante-dix, l'Europe occidentale est frappée par de graves troubles monétaires. Toutes les devises européennes sont concernées : les unes, comme la livre anglaise et le franc français (FF), sont soumises à une pression de dévaluation tandis que les autres, comme le mark allemand (DM), sont notoirement sous-évaluées et doivent être réévaluées. Contrairement aux diverses déclarations d'intention des responsables politiques des Six, ces changements de parité sont décidés unilatéralement et sans aucune consultation préalable.
Les problèmes monétaires de la France sont antérieurs à l'élection à la présidence de la République de Georges Pompidou en juin 1969. Le général de Gaulle a en effet toujours refusé de dévaluer le franc français sous la pression des marchés boursiers. La période est également marquée par une augmentation des taux d'intérêt au niveau mondial. Les États-Unis, qui doublent leurs taux entre 1968 et 1969, provoquent aussitôt une augmentation similaire en Europe via le marché des eurodollars constitué de dépôts en devises américaines auprès de banques situées en dehors du territoire national. En écho aux troubles politiques de mai 1968, Pompidou décide, le 8 août 1969, de dévaluer le franc de 12,5 %. La période des vacances estivales semble propice dans la mesure où la majorité des consommateurs français ne se rend compte du renchérissement des biens d'importation qu'une fois les vacances terminées.
Le 24 octobre 1969, après une brève période de flottement, le mark allemand est réévalué de 9,29 %. Il en résulte donc une dévaluation du FF par rapport au DM de plus de 20 %. Les conséquences économiques de ces opérations monétaires sont très importantes et menacent directement la politique communautaire.