Réactions en Allemagne


La déclaration de Robert Schuman surprend l’Allemagne dans la mesure où elle constitue un renversement radical de la politique française à son égard. La proposition d'offrir à l'Allemagne un traitement équitable ne peut donc que satisfaire cette dernière car elle rencontre une revendication allemande de longue date et permet d'entrevoir l'intégration irréversible de la RFA à l'Europe occidentale.


La réaction du chancelier Konrad Adenauer, qui n'a été personnellement prévenu par Schuman que le 9 mai 1950 au matin, se traduit en gratitude à l'égard de la France. L'Union chrétienne-démocrate (CDU) et le Parti libéral (FDP), tout comme la majorité des industriels et même des syndicats allemands, approuvent presque sans réserve le projet français.


Le Parti social-démocrate (SPD) par contre, fort attaché au maintien de l'unité allemande, craint un approfondissement de la division entre la partie de l'Allemagne sous influence occidentale et la partie sous influence soviétique. L'orientation pacifiste et anticapitaliste du SPD renforce également la méfiance à l'égard du plan Schuman puisque ce dernier ne prévoit pas la nationalisation des industries lourdes du bassin de la Ruhr que les sociaux-démocrates réclament depuis longtemps. L'opinion publique allemande, bien que sensible à la portée symbolique du projet, demeure pour une large part hésitante sinon parfois hostile et peu informée.

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