La course aux armements et la "guerre des Étoiles"

La course aux armements et la «guerre des Étoiles»


Aux États-Unis, le scandale du Watergate aboutit à la démission du président Richard Nixon, le 8 août 1974. Cette affaire jette le discrédit sur la fonction présidentielle dans une Amérique déjà traumatisée par la défaite de la guerre du Viêt Nam et en perte d’influence. Cinq ans plus tard, le 4 novembre 1979, dans un Iran dirigé par l’ayatollah Khomeiny, des étudiants iraniens occupent l’ambassade des États-Unis à Téhéran et retiennent en otage plus d’une cinquantaine de personnes. Les États-Unis paraissent impuissants à régler la situation et en avril 1980, l’opération militaire américaine visant à secourir les otages se solde par un fiasco et décrédibilise un peu plus la présidence de Jimmy Carter. À ce tableau, il faut aussi ajouter l’invasion soviétique de l’Afghanistan en décembre 1979, qui provoque un choc dans l’opinion publique américaine.


En 1980, après tous ces échecs et ces humiliations, les Américains votent à leur tête un homme déterminé à rétablir l’image des États-Unis dans le monde. Le nouveau président Ronald Reagan qualifie l’URSS d’«empire du mal» et relance la course aux armements. Sa présidence est marquée notamment par une augmentation des dépenses militaires et un renforcement considérable des budgets alloués aux forces armées. La course aux armements atteint une telle dimension que l’on peut parler d’équilibre de la terreur. La détente est abandonnée et les interventions directes et indirectes dans le monde augmentent: les États-Unis soutiennent le Royaume-Uni dans la guerre des Malouines (1982), ils accordent un appui aux contre-révolutionnaires d’Amérique latine (par exemple les Contras au Nicaragua), et renversent le régime pro-soviétique de l’île de la Grenade (1983).


À la fin des années 1970, éclate la crise des euromissiles. L’enjeu de cette dure bataille diplomatique est l’installation par les États-Unis en Europe de missiles de croisière et de fusées Pershing II, afin d’équilibrer la menace découlant du déploiement par l'URSS de missiles nucléaires SS-20. Le 28 octobre 1977, le chancelier ouest-allemand Helmut Schmidt prononce un discours à l’Institut international d’études stratégiques de Londres, dans lequel il dénonce la menace que fait planer sur l’Europe occidentale le déploiement des missiles soviétiques SS-20. Ceux-ci menacent en profondeur tous les pays de l’OTAN et les bases occidentales. L’URSS cherche en effet à avoir une supériorité régionale sur le théâtre européen. De plus, le renforcement militaire du pacte de Varsovie et sa supériorité numérique en matériel et en hommes sur l’OTAN remettent en question l’aptitude de l’Alliance atlantique à appliquer une défense classique forte. Le discours de Helmut Schmidt appelle donc à une réévaluation de l’engagement nucléaire américain en Europe. Le Vieux continent devient, une fois de plus, l’enjeu de cette lutte entre les deux blocs. L’accroissement du potentiel des forces nucléaires du pacte de Varsovie avec l’arrivée des SS-20 soviétiques est une des raisons qui amènent l’OTAN, à prendre la décision, le 12 décembre 1979, de mettre en place 572 missiles américains (108 Pershing II et 464 missiles de croisière) en Europe.


Le déploiement effectif des missiles américains à partir de 1983 dans certains pays d’Europe occidentale (Royaume-Uni, Pays-Bas, Belgique, Italie et RFA) entraîne, sur décision de Moscou, l’échec des négociations sur le désarmement à Genève, ouvertes depuis juin 1982. Cette crise des euromissiles entraîne des campagnes d’action d’envergure des pacifistes européens qui manifestent contre ce déploiement.


Cette période de tension Est-Ouest favorise la course aux armements dont l’élément essentiel est le programme de la «guerre des Étoiles» du président américain Reagan.


Le 23 mars 1983, Ronald Reagan annonce un immense programme technologique baptisé «Initiative de défense stratégique (IDS)» ou «guerre des Étoiles»: les États-Unis seraient protégés des armes nucléaires adverses par un «bouclier spatial» qui détecterait et détruirait les missiles balistiques ennemis dès leur lancement.


Le projet américain (qui n’aboutira jamais) entraîne l’URSS dans une folle course aux armements, dont les coûts financiers et économiques finiront par l’épuiser… Ce n’est qu’en 1985, avec l’arrivée au pouvoir en URSS de Mikhaïl Gorbatchev qui entame des réformes intérieures pour démocratiser le régime soviétique, que Moscou prend la décision d’arrêter cette course aux armements effrénée qui ruine le pays. De plus, Gorbatchev affiche sa volonté de se rapprocher de l’Occident et de reprendre le dialogue avec les États-Unis. Le 8 décembre 1987, les États-Unis et l’Union soviétique signent à Washington le traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, qui prévoit la destruction dans un délai de trois ans de tous les missiles à charges nucléaires et à charges conventionnelles en Europe ayant une portée de 500 à 5 500km, dont les fameux SS-20 et Pershing II. Ce traité est considéré comme le premier accord réel de désarmement nucléaire et sonne la fin de la course aux armements entre les deux Grands.

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