Le traité d'amitié franco-allemand
Le traité d'amitié franco-allemand
Tirant les leçons de l'échec des plans Fouchet, le président français Charles de Gaulle cherche à consolider et à sceller les relations franco-allemandes. Mais cette option ne manque pas de conforter les petits pays de la Communauté économique européenne dans leur crainte d'un axe franco-allemand dominateur. En Allemagne même, nombreux d'ailleurs sont ceux qui pensent qu'il ne faudrait pas sacrifier l'unité européenne et l'alliance avec les États-Unis au profit de l'amitié franco-allemande.
Le 14 janvier 1963, de Gaulle exprime officiellement son opposition à l'entrée de la Grande-Bretagne dans le Marché commun. Le 22 janvier 1963, la France et l'Allemagne signent, au palais de l'Élysée, un traité bilatéral solennel renforçant les liens entre les deux pays en matière de sécurité et de diplomatie. Le traité prévoit en effet une étroite coopération entre la France et la République fédérale d'Allemagne (RFA) dans le domaine des affaires étrangères, de la défense, de l'éducation et de la jeunesse. Le traité de l'Élysée définit certes une méthode de coopération intergouvernementale (rencontres régulières à tous les niveaux), mais il ne comporte aucun engagement contraignant en ce qui concerne l'harmonisation des positions internationales. Initialement prévu comme une simple notification écrite des axes sur lesquels les deux pays s'étaient mis d'accord pour relancer leur coopération, le traité prend la forme d'un document cadre très bref (19 articles au total) qu'accompagne une déclaration commune qui fixe la tonalité politique du texte.
De plus, au grand dam du général de Gaulle, la portée du traité franco-allemand sera très limitée par le vote, au sein du Bundestag allemand, d'un préambule interprétatif qui insiste sur l'intégration militaire atlantique, sur la coopération avec les États-Unis et sur le respect des Communautés européennes et la nécessité d'y admettre la Grande-Bretagne et les autres pays candidats.
L'accord portant création de l'Office franco-allemand pour la jeunesse est signé à Bonn le 5 juillet 1963. Le traité de l'Élysée sera modifié par deux protocoles signés le 22 janvier 1988, à l'occasion de son vingt-cinquième anniversaire, créant deux nouvelles structures: le Conseil franco-allemand de défense et de sécurité et le Conseil franco-allemand économique et financier.