Le blocus de Berlin
Le blocus de Berlin
L'Allemagne devient rapidement un champ d'affrontement de la guerre froide. Après avoir réorganisé politiquement leur zone d'occupation dans l'Allemagne vaincue, les Anglais et les Américains veulent aussi y relancer la vie économique, ce qui implique une réforme monétaire radicale. Le 20 juin 1948, les Occidentaux introduisent donc une nouvelle unité de compte. Le mark allemand, le Deutsche Mark (DM) est introduit dans toutes les zones occidentales et remplace le Reichsmark par trop déprécié. Cette réforme monétaire permet de remplir enfin les rayons des magasins de produits qui n'étaient plus alors disponibles que par le marché noir. Tandis que les communistes s'emparent de presque tous les postes de commande dans la zone orientale, les conceptions des anciens Alliés sur l'organisation économique et politique de l'Allemagne deviennent chaque jour plus contradictoires.
Espérant préserver l'unité de Berlin au cœur de la zone soviétique et dénonçant ce qu'elle considère comme une politique anglo-américaine du fait accompli, l'URSS réagit à cette initiative le 24 juin 1948 par le blocus total des secteurs occidentaux de Berlin. La ville est située dans la zone d'occupation soviétique mais les Américains, les Anglais et les Français sont installés dans leur zone d'occupation respective. Les voies d'accès terrestres, ferroviaires et fluviales vers Berlin sont coupées jusqu'au 12 mai 1949. Les fournitures de vivres et d'électricité sont rompues. L'introduction du DM dans les secteurs occidentaux de Berlin en est la cause officielle, mais l'Union soviétique cherche probablement à réduire l'îlot capitaliste dans sa zone d'occupation en obligeant les Britanniques, les Français et les Américains à quitter Berlin. Ceux-ci doivent réagir promptement: le pont aérien allié, mis en place par le général Lucius D. Clay, s'avère être la contre-mesure américaine appropriée.
Des milliers d'avions (plus de 270 000 vols au total) apportent chaque jour vivres, matériel de chauffage et autres objets de première nécessité dans la ville encerclée. En tout, plus de 13 000 tonnes de marchandises sont ainsi livrées chaque jour. Berlin devient l'un des principaux théâtres de la confrontation entre l'Est et l'Ouest. La division de l'Europe en deux blocs est consommée. La ville devient un symbole de liberté pour l'Occident. Les habitants de la ville ne sont plus désormais perçus comme d'anciens nazis qu'il faut punir mais comme des victimes de la menace soviétique. Quand, le 12 mai 1949, Staline décide de lever le blocus, le divorce politique de la ville est bel et bien consommé. Deux administrations municipales ont été mises en place et les Soviétiques ont procédé à la fusion des partis social-démocrate et communiste. Des élections démocratiques sont par contre organisées à Berlin-Ouest en décembre 1948 qui voient la victoire des sociaux-démocrates résolument anticommunistes. La réussite du pont aérien de Berlin permet de faire admettre aux opinions publiques occidentales le partage inéluctable de l'Allemagne. De part et d'autre du rideau de fer, la ville de Berlin devient la vitrine des modèles occidental et soviétique. Face au sentiment de menace soviétique, l'idée du réarmement de l'Allemagne et de son intégration dans une structure d'unification européenne apparaît de plus en plus prégnante aux yeux des Occidentaux.