La conférence de Potsdam
La conférence de Potsdam
La dernière des grandes conférences interalliées se déroule du 17 juillet au 2 août 1945 à Potsdam, près de Berlin. Six mois plus tôt, en Crimée, Churchill, Roosevelt et Staline avaient préparé l’après-guerre, mais les promesses de Yalta ne vont pas résister aux rapports de force sur le terrain. Le climat s’est profondément modifié entre-temps: L’Allemagne a capitulé le 8 mai 1945 et la guerre est finie en Europe. Le Japon résiste avec opiniâtreté aux bombardements américains, mais les États-Unis disposent d’un atout de taille: le 16 juillet a lieu dans un désert du Nouveau-Mexique le premier essai de la bombe atomique. À Potsdam, Harry Truman remplace Franklin D. Roosevelt, décédé le 12 avril 1945, et Clement Attlee prend la tête de la délégation britannique après la défaite de Winston Churchill aux élections législatives du 26 juillet. Seul Joseph Staline participe en personne à toutes les conférences interalliées.
L’atmosphère est beaucoup moins cordiale qu’à Yalta. Quelques semaines avant la capitulation du Reich, l’Armée rouge a réussi à occuper à grande vitesse la partie orientale de l’Allemagne, une partie de l’Autriche ainsi que toute l’Europe centrale. Conscient de cet avantage sur le terrain, Staline en profite pour mettre en place dans les pays libérés par les Soviétiques des gouvernements communistes. Tandis que les Occidentaux se plaignent de leur impossibilité de contrôler les élections organisées dans les pays occupés par l’Armée rouge, Staline impose un profond remodelage de la carte de l’Europe orientale. Dans l’attente des traités de paix, les Anglais et les Américains acceptent provisoirement les annexions soviétiques ainsi que les nouvelles frontières fixées à la ligne Oder-Neisse. Les accords de Potsdam entérinent aussi les gigantesques transferts de populations.
Les trois chefs d'État se mettent cependant d’accord sur des modalités pratiques du désarmement complet de l’Allemagne, de la destruction du parti national-socialiste, de l'épuration et du jugement des criminels de guerre et du montant des réparations. Les négociations concluent aussi à la nécessité d'une décartellisation des industries allemandes et à la mise sous séquestre des puissants Konzern qui doivent être éclatés en plus petites sociétés indépendantes. Les accords intervenus précédemment sur le régime d’occupation de l’Allemagne et de l’Autriche sont confirmés.
À Potsdam, des points de vue de plus en plus contradictoires opposent les trois Grands. Il ne s’agit désormais plus de s’unir pour vaincre le nazisme, mais de préparer l’après-guerre et à se diviser le « butin ». Ainsi, quelques mois seulement après le communiqué si confiant de Yalta, des divergences profondes se creusent entre Occidentaux et Soviétiques.