L'échec d'Euratom

L'échec d'Euratom


Aux cours des discussions diplomatiques de la relance à Six, la France fait clairement savoir à ses partenaires réticents qu'elle donne sa priorité au projet d'Euratom plutôt qu'au plan de Marché commun. Mais en 1956, la crise de Suez provoque de grosses difficultés dans l'approvisionnement de l'Europe en produits pétroliers. L'unité européenne s'avère dès lors indispensable pour assurer une certaine autonomie énergétique au vieux continent. La France accepte alors d'accorder des concessions à ses partenaires en ce qui concerne le Marché commun tandis que l'Allemagne se montre plus conciliante à l'égard d'Euratom.


Les négociations préparant le traité de la Communauté européenne de l'énergie atomique (CEEA ou Euratom) sont laborieuses. Elles montrent bien à quel point les intérêts nationaux en la matière sont divergents. En octobre 1956, les chefs de délégation de la conférence intergouvernementale des Six chargent Louis Armand (président de la Société nationale des chemins de fer français), Franz Etzel (vice-président de la Haute Autorité CECA) et Francesco Giordani (ancien président du Comité italien pour les recherches nucléaires) d'établir un rapport sur les besoins et les possibilités de l'Europe de produire de l'électricité à partir de l'énergie nucléaire. En mai 1957, le rapport des trois Sages - intitulé "Un objectif pour Euratom" dont le traité a été signé le 25 mars 1957 à Rome avec celui de la Communauté économique européenne - rappelle combien les pays européens sont dépendants des livraisons de pétrole en provenance du Moyen-Orient. Les Six n'assurent en effet que 15 % de la production énergétique mondiale. Il s'agit donc d'éviter que le pétrole devienne un moyen de pression internationale. Or, le document prévoit un doublement, voire un triplement des importations d'énergie en Europe dans les années à venir. Il recommande dès lors la construction de centrales nucléaires pour remplacer progressivement celles fonctionnant au charbon et au pétrole. L'indépendance et le prestige international de l'Europe sont en jeu.


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