La répression de l'insurrection hongroise

La répression de l’insurrection hongroise


En Europe centrale et orientale, avec le décès de Staline et les débuts de la politique de déstalinisation engagée par le nouveau leader communiste Nikita Khrouchtchev, les populations de plusieurs États satellites essaient de se libérer du joug de Moscou. La Pologne, malgré un certain nombre de heurts violents à Poznan, voit la réhabilitation de Ladislas Gomulka, ancien secrétaire général du Parti ouvrier, arrêté en 1951 et qui devient dès octobre 1956 le nouveau premier secrétaire du comité central du Parti ouvrier unifié de Pologne (POUP). Il réussit in extremis à éviter une intervention militaire de l'URSS pour mater les émeutes ouvrières et le coup d'État d'octobre 1956.


En revanche, la situation est tout autre pour l’Allemagne de l'Est et pour la Hongrie. Ces deux pays subissent en juin 1953 et novembre 1956 respectivement l’intervention militaire de l'URSS, bien décidée à mettre fin aux insurrections populaires et à réaffirmer ainsi sa volonté de tenir dans une main de fer son «glacis».


En Hongrie, les intellectuels et les étudiants, aigris par le régime communiste, exigent le départ des troupes soviétiques et l'organisation d'élections libres et pluralistes. Dans les années cinquante, la population proteste de plus en plus ouvertement contre la baisse du niveau de vie et contre l'aliénation de l'indépendance nationale.


Fin octobre 1956, dès la nouvelle de la rébellion polonaise contre la tutelle soviétique, les opposants politiques hongrois font également connaître leur mécontentement en défilant pacifiquement dans les rues de Budapest avant d'organiser la lutte armée. Une partie de l'armée hongroise se range alors du côté des insurgés. Un nouveau gouvernement magyare, placé sous la direction d'Imre Nagy, prend fait et cause pour les insurgés. Il demande le retrait des troupes soviétiques et abolit le système de parti unique avant de proclamer le retrait unilatéral de la Hongrie du pacte de Varsovie et la neutralité du pays.


Le 1er novembre 1956, l'Armée rouge fait mine de se retirer. Mais en vérité, elle continue à observer le pays qui sombre dans la «contre-révolution». Entre le 4 et le 8 novembre 1956, Nikita S. Khrouchtchev charge l'Armée rouge de liquider l'insurrection hongroise par la force. Les troupes soviétiques attaquent en masse et destituent le gouvernement d'indépendance nationale.


Une répression impitoyable s'abat immédiatement sur la Hongrie et des centaines de milliers de Hongrois se réfugient à l'Ouest. Le nouveau gouvernement hongrois à la solde de Moscou rétablit dans le pays un régime dictatorial et referme toutes les frontières. Par cette intervention musclée au mépris de la démocratie, le prestige de l'URSS dans les pays d'Europe occidentale tombe au plus bas depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Mais, le moment choisi par les Soviétiques leur est très favorable puisque le camp occidental, profondément divisé et affaibli par la crise de Suez qui se trame au même moment, n'est pas en mesure de réagir de façon appropriée et assiste, impuissant, à l'intervention russe.

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