Les difficultés du serpent
Les difficultés du serpent
Le système de Bretton Woods, déjà en perte de vitesse après le découplement du dollar de l'or en 1971, est définitivement enterré en février 1973 à l'occasion d'une nouvelle dévaluation du dollar de 10 % par rapport à l'or. Dans le contexte difficile du premier choc pétrolier, les États-Unis renoncent également à intervenir sur le marché des changes pour soutenir le dollar de nouveau assailli. Les Neuf décident alors de laisser flotter conjointement leurs monnaies par rapport au dollar. Le serpent est maintenu mais il doit sortir du tunnel.
Entre 1974 et 1976, les monnaies italienne, britannique, irlandaise et française sont affaiblies par l'inflation galopante et par une balance des paiements déficitaire. La faiblesse de leur monnaie les oblige à quitter le serpent à plusieurs reprises. Ainsi la France sort du serpent le 19 janvier 1974 pour le réintégrer le 10 juillet 1975. Le 15 mars 1976, elle le quitte une nouvelle fois. Dans le même temps, les changements de parité s'accélèrent dans le serpent. En septembre, Jean-Pierre Fourcade, ministre français de l'Économie et des Finances, propose à ses partenaires un plan de flottement concerté des neuf monnaies de la Communauté. Son objectif est d'assurer une plus grande coordination entre les monnaies du serpent et celles qui sont flottantes autour du serpent. Il prévoit également des interventions conjointes des pays de la Communauté sur le marché des changes et suggère l'adoption d'une nouvelle unité de compte européenne.
Finalement, dès janvier 1974, le serpent hors du tunnel ne repose plus que sur les pays de la zone mark, à savoir : la République fédérale d'Allemagne, le Danemark et les trois pays du Benelux. L'accord monétaire du 23 août 1971 qui lie la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas est même suspendu en mars 1976. Réduit en pratique à sa plus simple expression, le serpent est au point mort.