1945-1949 L'ère des précurseurs
1945-1949 L'ère des précurseurs
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'Europe est exsangue et à bout de souffle. Les anciens courants commerciaux sont rompus, les industries lourdes et de première nécessité, partiellement détruites, tournent au ralenti dans une Europe meurtrie et peu préparée à accueillir les millions de personnes déplacées pendant et à la fin du conflit. Reléguée au second plan sur la scène internationale par la montée en puissance des États-Unis et de l'Union soviétique et par leur rivalité grandissante, l'Europe occidentale divisée prend rapidement conscience que son salut passe par les chemins de l'unité et par la mise en commun, fût-ce avec le soutien financier, matériel ou militaire des Américains, de ses ressources économiques et par la création d'institutions communes et efficaces. Les temps, marqués par une grande instabilité politique qu'accompagnent de vives tensions sociales, sont à l'urgence et à la recherche de solutions diplomatiques originales, y compris à l'échelle régionale. Les débats liés au statut de l'Allemagne, où, à partir de 1961, la division de Berlin symbolise en Europe la Guerre froide entre les deux Grands, et l'affaiblissement inexorable des positions coloniales outre-mer rendent toujours plus criante la dépendance extérieure du Vieux Continent. Les mouvements pro-européens et les militants fédéralistes entrent alors en action et mènent une propagande active en faveur de l'unification européenne. Proches des milieux économiques, affichant une tendance politique particulière ou désireux, au contraire, de mobiliser l'ensemble de l'opinion publique, ces mouvements, dont certains sont issus de la Résistance, constituent en 1947 un Comité international de coordination des mouvements pour l'unité européenne. Ils convoquent également, en mai 1948, le Congrès de La Haye dont découlera la Mouvement européen (ME) créé à Bruxelles le 25 octobre 1948.