Le nazisme et l'idée européenne

Le nazisme et l'idée européenne


Dès le début de la Seconde Guerre mondiale, les rapides victoires militaires allemandes sur les démocraties continentales européennes alimentent une intense propagande en faveur du thème de l'Europe allemande. Le Reich veut en effet organiser ses nouvelles conquêtes territoriales et prétend, pour ce faire, vouloir construire une Europe unie, une Europaïsche Wirtschaftsgemeinschaft qui mettrait définitivement fin aux antagonismes nationaux traditionnels. L'Allemagne hitlérienne n'hésite pas alors à se présenter comme le champion de l'unification européenne et de l'Ordre Nouveau continental. La propagande officielle exalte d'ailleurs les valeurs de la civilisation occidentale qu'elle prétend défendre face au bolchevisme et à l'impérialisme anglo-saxon. Mais les stratèges nazis prévoient une réorganisation du continent sous la forme d'un grand espace économique et commercial européen entièrement placé au service de l'économie allemande. Les géopoliticiens allemands souhaitent notamment faire des plaines fertiles d'Europe centrale le grenier alimentaire du Reich et pensent parfois à une germanisation forcée des populations asservies. En réalité, les nazis tablent leurs projets sur l'existence d'une race allemande à laquelle appartiendraient, outre les Allemands, les Alsaciens, les Autrichiens, les Luxembourgeois et les Suisses germaniques mais aussi tous les Volksdeutschen qui, en Europe, ont pu avoir des ascendants allemands même s'ils ont perdu par la suite tout contact avec leur culture d'origine. Viendraient alors s'agréger à ce premier ensemble les populations parentes jugées germaniques et facilement assimilables tels que les Scandinaves, les Flamands et les Néerlandais. Face à ces populations et à celles des pays alliés et satellites (Croatie, Slovaquie, Hongrie, Roumanie et Italie), les Slaves de Pologne, des Pays baltes et de l'Union soviétique sont présentés comme des "sous-hommes" que le Reich peut éliminer ou déplacer et asservir selon ses besoins. Les Juifs et les Tsiganes, considérés comme apatrides, sont quant à eux condamnés à être exterminés. Ainsi l'Allemagne nazie entrevoit-elle la constitution de l'espace vital du Reich entièrement contrôlé par une race germanique réunie et purifiée grâce à la sélection méthodique opérée par des experts raciaux. Les stratèges allemands envisagent également de réunir l'Europe unie et les colonies africaines des États vaincus en une Eurafrique autarcique et contrôlée par les puissances fascistes de l'Axe - l'Allemagne et l'Italie – et leurs pays satellites. Ces discours sur l'Europe nouvelle, au-delà des raisons d'opportunisme économique immédiat, permettent aux responsables allemands de gagner la confiance de certains collaborateurs dans les pays européens vaincus et occupés. Ainsi en 1941, est organisée à Paris une grande exposition intitulée "La France européenne" qui vante le slogan d'une France forte dans une Europe forte. Accueillant plus de 600.000 visiteurs, l'exposition fait admirer les richesses agricoles du pays pour mieux situer son rôle dans l'Europe nouvelle sous direction allemande. Cette manifestation est suivie d'autres expositions itinérantes, dont celle sur "Le bolchevisme contre l'Europe" qui montre la croisade engagée par le Reich et ses alliés contre le communisme et pour une Europe unie. Après la guerre, les mouvements communistes sauront habilement tirer profit de cette conception nazie de l'Europe et de la collaboration pour discréditer l'idéal européen qu'ils jugent réactionnaire.

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