Dossiers thématiques

La décolonisation de l'Indochine française

La décolonisation de l’Indochine française


La France doit aussi faire face aux désirs d’émancipation de ses colonies. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le 2 septembre 1945 à Hanoï, Hô Chi Minh, chef du mouvement nationaliste d’obédience communiste, le Viêt-minh, s’empare du pouvoir et décrète au nom du gouvernement provisoire l'indépendance du pays et proclame officiellement la naissance de la République démocratique du Viêtnam (RDV). L’empereur Bảo Đại doit abdiquer.


D’octobre 1945 à janvier 1946, les troupes françaises réoccupent militairement la Cochinchine. Le 6 mars 1946, le Français Jean Sainteny, commissaire de la République, et Hô Chi Minh signent un accord qui prévoit la reconnaissance du Viêtnam comme État libre, intégré au sein de la Fédération indochinoise et faisant partie de l’Union française.


Mais ces accords ne durent pas. Le 1er juin 1946, le haut-commissaire Georges Thierry d'Argenlieu proclame la République de Cochinchine. Le 23 novembre 1946, face à l’accroissement des troubles et en vue de rétablir l’autorité française dans la zone nord de l’Indochine, la marine française bombarde le port de Haiphong, faisant près de 6  000 victimes. Le 19 décembre, en représailles, des éléments du Viêt-minh s’attaquent aux quartiers européens de Hanoï et massacrent des dizaines de personnes. Hô Chi Minh se réfugie dans la clandestinité pour combattre les Français. C'est le début d'une guerre qui va durer huit ans. Les troupes françaises se lancent dans une difficile reconquête des zones tenues par le Viêt-minh et s’engagent progressivement dans une guerre coloniale lointaine et coûteuse en vies humaines.


À partir de 1949, le Tonkin, l'Annam et la Cochinchine sont regroupés au sein du nouvel État du Viêtnam, associé à la France dans le cadre de l’Union française et dirigé depuis la ville de Saigon par l’empereur Bảo Đại, rentré au Viêtnam en avril 1949.


Pour justifier cette guerre coloniale devant l'opinion publique mondiale en général et du gouvernement américain en particulier, les autorités françaises la définissent davantage comme une lutte anticommuniste que comme une guerre coloniale. En effet, dès la fin de l’année 1949, des troupes chinoises s’installent le long de la frontière du Viêtnam. L’Union soviétique et la Chine communiste de Mao Zedong accentuent leur soutien (livraison d’armes et de matériel, envoi d’instructeurs…) aux troupes du Viêt-minh. Ainsi, face à cette menace et avec le début de la guerre de Corée en juin 1950, les États-Unis se déclarent prêts à aider matériellement l'effort de guerre français par la fourniture d'armements. La guerre d’Indochine s’inscrit dans la politique de containment américaine et devient l’un des fronts de la lutte contre l’expansion communiste.


Mais la position française en Indochine ne fait que s'effriter. Les défaites sur le terrain se multiplient et les pertes militaires françaises ne cessent de s’alourdir. Après la reddition catastrophique du 7 mai 1954 de sa forteresse de Diên Biên Phu, la France réalise qu'elle ne peut plus poursuivre cette guerre lointaine et onéreuse au seul nom de la lutte anticommuniste.


Les accords de Genève du 21 juillet 1954 mettent fin au conflit et la France est contrainte à quitter le pays. Le Viêtnam est divisé en deux parties: tandis que le nord du Viêtnam passe sous le contrôle communiste du leader Hô Chi Minh, une dictature nationaliste s'installe au sud du 17e parallèle. L'indépendance du Laos et du Cambodge, proclamée en 1953, est définitivement reconnue. Mais contrairement à la France, les Américains n’acceptent pas les résultats de la conférence de Genève et restent partisans de l'indépendance du Viêtnam du Sud.


Aussitôt délestée de la poudrière indochinoise, la France perd une partie importante de son prestige colonial, ce qui ne fait que renforcer davantage les mouvements indépendantistes qui agitent déjà ses possessions d'Afrique du Nord.

Consulter au format pdf