Note du représentant britannique sur les matériels à standardiser (Paris,15 avril 1955)

Texte
Le 15 avril 1955, le secrétaire général de la Commission intérimaire de l’Union de l’Europe occidentale (UEO) communique une note du représentant du Royaume-Uni sur les matériels à standardiser. Le représentant britannique souligne en premier lieu qu’il s’agit de conclusions personnelles en tant que membre du comité d’experts. La note est développée autour de la question en quelle mesure l’UEO peut-elle faire œuvre utile en matière de standardisation de matériels ? Selon le Britannique, l’apport le plus intéressant de l’UEO serait d'étudier les possibilités de la mise au point d’éléments constitutifs standard pour le compte de l’ensemble de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord.

Source et copyright

Source: Union de l'Europe occidentale. Commission intérimaire. Groupe de travail sur la production et la standardisation des armements.Comité d’experts. Matériels à standardiser. Note du secrétaire général. Paris: 15.04.1955. PWG/E/29. 4 p.

Archives nationales de Luxembourg (ANLux). http://anlux.lu/. Western European Union Archives. Armament Bodies. CPA/SAC. Comité permanent des armements. File CPA-034. Volume 1/1.

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UNION DE L'EUROPE OCCIDENTALE
COMMISSION INTÉRIMAIRE
GROUPE DE TRAVAIL SUR LA PRODUCTION ET LA STANDARDISATION DES ARMEMENTS

SECRET
PWG/E/29
Original anglais
15 avril 1955

COMITE D'EXPERTS
MATERIELS A STANDARDISER

Note du Secrétaire Général

A sa cinquième séance, le 10 mars 1955, le Comité
d'Experts
a décidé d'inviter les délégations et le représentant
de l'O.T.A.N. à soumettre, comme l'avait fait la délégation
française, un memorandum sur le point 5 de la section A de son
mandat. (Voir document PWG/ER/5, version définitive, section I,
dernier alinéa
).

Comme suite à cette décision, le Secrétaire Général
communique ci-joint quelques notes du Représentant du Royaume-
Uni
sur les matériels à standardiser.

Le Comité d'Experts examinera ces notes à une de ses
prochaines séances.


PWG/E/29

MATERIELS A STANDARDISER

1. Les notes ci-après représentent mes conclusions personnel-
les
de membre du Comité d'Experts, et je n'ai pas consulté les
autorités du Royaume-Uni avant de les mettre par écrit.

2. A mon sens, la question à laquelle nous cherchons à
répondre n'est pas simplement : "Quels matériels faut-il
standardiser?", mais plutôt : "Dans quelle mesure l'U.E.O. peut-
elle
faire oeuvre utile en matière de standardisation de maté-
riels?"
. C'est là, me semble-t-il, une nuance fort importante,
compte tenu des faits que voici : toutes les nations qui seront
membres de l'U.E.O. sont ou deviendront membres de l'O.T.A.N.;
depuis cinq ans, l'O.T.A.N. a acquis, en procédant par tâtonne-
ments
, une expérience considérable quant à la question de savoir
ce qui est, ou non, à la fois utile et faisable en matière de
standardisation; les travaux de l'O.T.A.N. dans ce domaine se
poursuivront et les pays membres de l'U.E.O. y auront part en
tant que membres de l'O.T.A.N.

3. A mon avis, il ressort nettement des études de notre
Comité que l'activité la plus utile que l'U.E.O. puisse exercer
en matière de standardisation serait d'entreprendre et d'encou-
rager
la standardisation d'éléments constitutifs et d'adapteurs.

4. Nos études nous ont permis d'établir que l'adoption par un
groupe de pays d'un nouvel "ensemble" a presque toujours été une
conséquence accessoire, soit de programmes d'aide mutuelle, soit
d'achats en commun. En d'autres termes, un "ensemble" déjà
réalisé par un pays est adopté par d'autres. Les cas dans les-
quels
plusieurs pays ont collaboré, depuis le début, à toutes
les opérations successives qui ont abouti à la réalisation d'un
ensemble sont extrêmement rares. Même les cas apparemment simples
du fusil d'infanterie et de la munition pour armes portatives

.../...

- 2 –
PWG/E/29

se sont révélés gros de difficultés. Il a fallu des années pour
arriver à un compromis. Or, cela ne provenait aucunement de la
difficulté qu'il y avait à concilier des besoins militaires
différents. L'adoption de tel ou tel fusil ou de telle ou telle
munition possible impliquait pour les pays intéressés des consé-
quences
financières et même politiques fort divergentes.

5. Donc, bien qu'il ne soit pas exclu que des pays acceptent
de coopérer à la réalisation de nouveaux matériels, je crois qu'il
n'est pas indiqué de placer cet objectif au premier plan de nos
préoccupations. D'ailleurs, je suis convaincu que nous aurions
tort de vouloir réaliser des matériels spécifiquement U.E.O..
Les permutations et combinaisons possibles de pays dans le cadre
de l'O.T.A.N. dont on pourrait concevoir la coopération à des
projets précis de recherche et d'études sont nombreuses et ne se
limitent pas forcément aux membres U.E.O. de l'O.T.A.N. Il ne
faut pas perdre de vue que les ressources dont les membres euro-
péens
de l'O.T.A.N. disposent actuellement pour la recherche et
les études militaires sont insignifiantes par rapport à celles
des Etats-Unis. Il serait vain de supposer que, dans le domaine
des armes nouvelles, les pays de l'U.E.O. puissent ou doivent
"se mettre à leur compte" en tant qu'organe distinct de recherche
et d'études. Le fait est, tout uniment, que les pays d'Europe
membres de l'O.T.A.N.
dépendront, dans l'ensemble, pendant bien
des années encore, des fruits de l'effort vaste et continu qui
se poursuit dans ce domaine aux Etats-Unis et, dans une plus
faible mesure, au Canada et au Royaume-Uni. Cela n'exclut pas
la possibilité d'une collaboration entre pays de l'U.E.O. pour
la recherche et les études dans quelques cas particuliers,
probablement dans ceux qui n'impliquent pas de lourdes dépenses.
Recherche et études aboutiront à un point mort, si elles ne
peuvent être suivies d'un effort de production considérable;
or, selon toutes les apparences actuelles, l'effort de production

.../...

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que peuvent faire les membres de l'U.E.O. ne représente qu'une
faible fraction de celui donc sont capables les alliés d'Amérique
du Nord
.

6. C'est pourquoi je conclus que, dans le domaine de la
standardisation proprement dite, l'U.E.O. devrait, au début du
moins, se proposer l'objectif plus facile à atteindre de la
standardisation d'éléments constitutifs, de la modification de
matériels détenus par plus d'un pays membre, et ainsi de suite.
On commettrait une grave erreur en méconnaissant l'importance de
l'oeuvre à accomplir dans ce domaine, peu spectaculaire peut-
être
, mais présentant néanmoins un intérêt pratique. A mon avis,
un des plus grands services que l'U.E.O. puisse rendre à
l'O.T.A.N. en matière de standardisation est de pousser énergi-
quement
la réalisation d'éléments constitutifs standard, par
exemple dans le domaine de l'électronique.

7. Quant à la question des ensembles, elle se résoudra, dans
une large mesure, d'elle-même dans la pratique. Les programmes
d'achat en commun y contribueront pour une large part et, pour
de tels programmes, il n'est pas nécessaire, comme il ressort
de l'expérience et de nos études, de commencer au stade de la
recherche et des études.

8. Je suis donc à peu près d'accord avec mon collègue néer-
landais
. Sans aller jusqu'à exclure la possibilité d'une coopé-
ration
dans le domaine de la recherche et des études pour cer-
tains
matériels déterminés, j'estime qu'il ne faut pas trop
compter voir l'U.E.O. trouver en la matière, un champ d'action
bien vaste. L'U.E.O. peut toutefois, à mon avis, faire oeuvre
vraiment utile en étudiant les possibilités de mise au point
d'éléments constitutifs standard pour le compte de l'ensemble
de l'O.T.A.N.