Compte rendu de la quatrième réunion du groupe de travail sur la production et la standardisation des armements (Paris, 31 janvier 1955)

Texte
Le compte rendu de la quatrième séance plénière du groupe de travail sur la production et la standardisation des armements du 31 janvier 1955 présente la suite des débats autour du mémorandum français (PWG/A/2). Le délégué britannique Sir Christopher Steel est d’accord avec les objectifs énoncés dans le préambule, à savoir augmenter l’efficacité des services logistiques au niveau militaire, alléger les budgets et harmoniser les différentes tâches dans le domaine économique. Toutefois, le Royaume-Uni insiste sur le fait qu’elle ne peut participer à des institutions supranationales et ne pense pas que cette solution puisse apporter des résultats intéressants. En effet, le plan français permet des économies mais fait perdre en efficacité de production. En outre, selon le gouvernement britannique, il existe deux problèmes, celui de la demande allemande et celui de la réduction de l’aide américaine, qui affectent les pays de l’Union de l’Europe occidentale (UEO). Pour autant, il ne serait pas judicieux de doubler le mécanisme existant à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) dans le domaine de la standardisation et de la production. En ce sens, Sir Christopher Steel pense qu'il serait possible d’établir un mécanisme commun par lequel l’UEO, tout en utilisant le dispositif de l’OTAN, devrait pouvoir donner à cet organisme l’impulsion nécessaire. Le délégué français Alexandre Parodi, voulant rester sur le plan de la discussion générale, remarque toutefois que sans une institution chargée de faire un travail d’organisation, il ne sera pas possible d’aboutir à une unification suffisante des méthodes de production et que la dispersion des efforts persistera.

Source et copyright

Source: Union de l'Europe occidentale. Commission intérimaire. Groupe de travail sur la production et la standardisation des armements. Quatrième séance plénière tenue au Palais Chaillot le 31 janvier 1955, à 15h30. Paris: 31.01.1955. PWG/CR/4. pp. 1-6; 14-19

Archives nationales de Luxembourg (ANLux). http://anlux.lu/. Western European Union Archives. Armament Bodies. CPA/SAC. Comité permanent des armements. File CPA-033. Volume 1/1.

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UNION DE L'EUROPE OCCIDENTALE
COMMISSION INTÉRIMAIRE
GROUPE DE TRAVAIL SUR LA PRODUCTION ET LA STANDARDISATION DES ARMEMENTS

CONFIDENTIEL
VERSION DEFINITIVE
PWG/CR/4
Original français
31 janvier 1955

QUATRIEME SEANCE PLENIERE

tenue au Palais de Chaillot
le 31 janvier 1955 à 15h.30

ETAIENT PRESENTS:

Professeur Dr. L. ERHARD République Fédérale d'Allemagne
M. A. de STAERCKE Belgique
M. A. PARODI France
M. A. ALESSANDRINI Italie
M. N. HOMMEL Luxembourg
M. van STARKENBORGH Pays-Bas
Sir Christopher STEEL Royaume-Uni
M. L. P. WEICKER O. T. A. N.
M. P. FRASER Secrétaire Général

I. Approbation du compte rendu de la Troisième Séance (cf. document
PWG/CR/2
)

Ce document est adopté.


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PWG/CR/4

II. Suite de la discussion générale sur les propositions dont le
Groupe de Travail est actuellement saisi.

Sir Christopher STEEL (Royaume-Uni) n'a fait que de courtes
déclarations jusqu'à présent, étant donné la situation particulière
dans laquelle il se trouve. Il a donc commencé par écouter l'opi-
nion
de ses collègues. Il a déjà déclaré son accord avec les ob-
jectifs
qui se trouvent énoncés dans le préambule du mémorandum
français
. Ces objectifs sont les suivants: 1° dans le domaine
militaire, augmenter l’efficacité et améliorer les services logis-
tiques
; 2° dans le domaine budgétaire et industriel obtenir des
coûts moins élevés et alléger les budgets; 3° dans le domaine éco-
nomique
, harmoniser les différentes tâches au mieux des divers
intérêts.

Il a déjà indiqué que le Royaume-Uni n'est
pas en mesure de participer à des institutions supranationales et
ne pense pas que pour les travaux difficiles et compliqués qui
sont ici à l'étude, une structure compliquée supranationale puisse
amener des résultats intéressants. Il ne voit pas notamment comment
les responsabilités financières vis-à-vis des différents parlements
pourraient être établies, sans budget commun, sans un parlement com-
mun
. Ceci n'est qu'une seule des difficultés, et il y en a de
nombreuses autres, sur lesquelles on a attiré l'attention du Groupe
de Travail
.

Il veut faire également un certain nombre
d’autres commentaires. Ils se réfèrent directement aux objectifs
français.

En premier lieu, en ce qui concerne la standardisation, Sir
Christopher STEEL
a compris que ses collègues français insistaient
davantage sur le deuxième objectif, c’est-à-dire les coûts.

On pourrait au contraire mettre un accent plus fort sur le premier
objectif, c'est-à-dire l'efficacité militaire et l'amélioration
des services logistiques.


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PWG/CR/4

Le Royaume-Uni au contraire, estime qu'il faudrait simplifier
le système logistique quand cela s'avère utile, et que les économies
prévues au 2ème objectif devraient être subordonnées aux besoins
particuliers de l'industrie des armements.

Ces besoins sont: 1° les industries d'armement doivent être
raisonnablement dispersées; 2° elles doivent pouvoir être dévelop-
pées
rapidement.

Sir Richard POWELL a cité à la Conférence de l'OTAN sur. la
production un exemple concernant la, production des armements:
lorsque la guerre de Corée a commencé et qu'il est devenu évident
que le Royaume-Uni devrait réarmer sérieusement, l'un des points
les plus importants concernant la politique à long terme était la
production des chars. Les chars prennent longtemps pour être des-
sinés
et construits, même lorsque les usines nécessaires à leur
construction sont prêtes. Le Royaume-Uni n'a pas seulement établi
une ligne de production, mais prévu une période assez longue et
établi quatre chaînes. Chacune de ces chaînes pouvait produire en
cas de nécessité en un an plus de chars que le Royaume-Uni et ses
alliés chez lesquels il exporte n'en ont besoin dans le cours d'une
année dans les conditions actuelles de guerre froide. Car en cas
de guerre plus chaude, le Royaume-Uni aurait été en mesure d'accé-
lérer
immédiatement la production dans toutes ses chaînes. Le
système actuel consiste à les maintenir toutes, afin qu'elles aient
un personnel leur permettant le cas échéant de se développer rapi -
dement.

Le plan français semble appliquer au temps de guerre les
méthodes industrielles de paix, c'est-à-dire, que l'on concentre
la production sur un seul point et que l'on utilise l'usine au
maximum de sa capacité, c'est-à-dire, que l'on n'a pas d'usine
ne travaillant pas au maximum de ses capacités.


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PWG/CR/4

Si l’on devait appliquer ces méthodes à l’industrie euro-
péenne
, d'après l’opinion britannique, on rencontrerait des diffi-
cultés
sérieuses car on ne serait pas en mesure de développer la
production. Ainsi on ne peut augmenter en temps de paix la produc-
tion
d'usine qu’en procédant à de nouvelles constructions, et il ne
pourrait s'agir simplement d’ouvrir le robinet: or, c'est juste-
ment
cela dont on a besoin en temps de guerre.

C'est pourquoi Sir Christopher STEEL estime que cette méthode
n'est peut-être pas excellente, car ce que l’on gagne en économies
on le pert en efficacité et il formule de sérieuses objections à
l'idée do créer une production de masse en vue de réduire les
coûts.

D’autre part, il croit que la capacité d'armement de l’Europe
occidentale est déjà considérable, grâce, en grande partie, à l'aide
et à l'assistance qui sont apportées par les Etats-Unis dans diffé-
rents
secteurs, comme celui des munitions par exemple.

En fait, l'OTAN s'est beaucoup préoccupé de la nécessité de
maintenir cotte capacité en état de marche même s'il n'y a pas de
commandes actuellement. En d'autres termes il s’est occupé du main-
tien
des bases de production.

Il semble donc que, à partir d'une capacité suffisante ou
presque suffisante en ce qui concerne les besoins, il serait ex-
trêmement
compliqué et coûteux de diviser ce qui existe et d'essayer
de le concentrer dans des unités séparées qui produiraient, en prin-
cipe
, à des coûts moins élevés.
Sir Christopher STEEL pense plu-
tôt
que les dépenses de capitaux supplémentaires pour l'installa-
tion
de ces nouvelles unités compenseraient grandement toutes les
économies qui pourraient être faites éventuellement sur le coût
de chaque pièce, car en effet, les dépenses seraient considérables.

En outre, le Royaume-Uni ne croit pas possible de modifier
la structure de la production actuelle on Europe, comme ceci est
proposé par le document français, du fait que la majorité des usines
joue un rôle assez considérable dans l'industrie de paix; il serait
en effet très difficile de les diviser ou de les supprimer.


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PWG/CR/4

Le Délégué britannique mentionne par exemple l'industrie de
l’aéronautique, l'industrie électronique, les usines qui fabriquent
des moteurs ou des véhicules. Il serait impossible de modifier
certaines de ces usines qui existent et dont on a besoin, pour
d'autres raisons, à l'heure actuelle, en temps de paix.

Ceci ne mène pas le gouvernement de Sa Majesté à la conclu-
sion
que tout va très bien à l'heure actuelle et qu'il n'existe pas
de problème. Il y a certainement un problème qui se pose sous deux
aspects: le premier c'est que l'on aura maintenant une demande
accrue de la part du gouvernement fédéral de l'Allemagne occidentale.
Le deuxième, c'est que l'aide des Etats-Unis est réduite graduellement
et sera certainement beaucoup moins importante à l'avenir que par
le passé.

D'autre part, ces deux problèmes, celui de la demande alle-
mande
et celui de la réduction de l'aide américaine, sont d'une
importance particulière pour les puissances de l'Union de l'Europe
occidentale, du fait qu'ils sont voisins géographiquement, et de
plus, parce qu’ils ont tous des industries d'un caractère plus ou
moins développé.

Bien que toutes ces considérations présentent un intérêt
tout à fait particulier pour l'U. E. O., il ne semble pas utile
d'essayer de doubler le mécanisme existant à l'OTAN. M. WEICKER
nous a montré à quel point les tâches sont compliquees pour l'OTAN,
de même que sa structure. On a dit que l'OTAN aurait pu travailler
mieux et plus rapidement, mais, en ce qui concerne le peut de temps
mis à la disposition du personnel international,
Sir Christopher
STEEL
croit que l'OTAN a bien travaillé en particulier dans le
domaine de la standardisation et de la production où les résultats
se font sentir toujours longtemps après.

En second lieu, ce serait folie d'essayer d'établir une or-
ganisation
dans l'organisation de l'Europe occidentale de la même
portée qu'au sein de l'OTAN. Ceci prendrait autant de temps et


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serait tout aussi compliqué. Par conséquent, il devrait être pos-
sible
d'établir un mécanisme commun par lequel l'U. E. O. en utili-
sant
le mécanisme de l'OTAN, devrait pouvoir donner à cet organisme
l'impulsion nécessaire et la coopération étroite que l'entrée de
l'Allemagne et la réduction de l'aide américaine nécessitent.

Sir Christopher STEEL n'a pas cet après-midi un plan détaillé
à soumettre, mais il est en rapport avec son gouvernement et il
espère, d'ici quelques jours, être en mesure de proposer la forme
qu'un nouvel organisme pourrait prendre, forme qui tiendrait compte
des différentes craintes qui ont été exprimées autour de la table.

Cet organisme pourrait également poursuivre les objectifs essen-
tiels
qui sont dans l'esprit de chacun. Le document britannique
pourrait être prêt â la fin de la semaine,

M. van STARKENBORGH (Pays-Bas) se félicite de voir le débat
général so poursuivre; le Délégué britannique vient d'y apporter
une précieuse contribution en mettant en lumière un certain nombre
de points très importants dont il n’avait pas été question jusqu'ici.

Les débats du Groupe de Travail ont surtout porté jusqu'à
présent sur les aspects économiques des problèmes, notamment. sur
la nécessité de produire aux prix les plus bas possibles. Or,
tous les membres du Groupe de Travail se sont rendu compte qu'il
ne fallait pas se borner à ce seul aspect, et le Délégué britannique
a souligné qu'il importait de se tenir prêts à utiliser à tout
moment la capacité de production d'armements disponible et à
accroître la production en cas de besoin.

Le Délégué britannique a fort bien fait de signaler la néces-
sité
d’éviter tout double emploi avec l’activité de l'OTAN.

M. van Starkenborgh tient également à insister de nouveau sur ce
point.


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Mais M. de STAERCKE voudrait voir le troisième document anglais,
parce que si celui-ci propose de nouvelles possibilités pour
rendre l'OTAN plus efficace après ce que cette organisation a
déjà fait, il se félicitera de cette conférence et de ses résultats.

M. PARODI (France) hésite à prendre la parole maintenant,
parce que les déclarations qui ont été faites aujourd’hui sont
Importantes et méritent, de sa part, une étude un peu plus réflé-
chie
. Les déclarations faites aujourd'hui ont comporté beaucoup
d'objections à la manière de voir qu'il avait exprimée et défendue.
Peut-être ces objections s'accompagnent-elles aussi de possibilités
de recherche d'une solution commune.
M. Parodi se bornera à une
seule remarque qu'il rattachera à la discussion générale.

Il a l'impression que les observations faites à l'encon-
tre
du Mémorandum français conduisent tout droit à un certain état
de choses qu'on a connu dans le passé: c'est que chacun des pays
soit laissé seul en face de son problème d’armement, avec une re-
cherche
de standardisation dont on sait que, pour le moment, elle
a conduit à très peu de résultats, et sans espoir sérieux d'arri-
ver
à des décisions communes avant que l'effort d’armement allemand
ne soit résolument engagé. On se trouvera donc dans la situation
de pays où chacun sur son plan va appliquer les règles de libre
concurrence. Des armées destinées à combattre ensemble auront de
plus en plus des matériels extrêmement différents les uns des
autres avec des productions de plus en plus séparées. Par exemple,
les appareils de radio, les appareils de transmission qui sont
pourtant ceux qui dans une guerre à mener en commun représentent
l'élément pour lequel l'unité de méthode et de matériels serait
le plus nécessaire, seront divers. Chaque pays recherchera la
meilleure solution ou la solution la plus économique et on sait
bien aussi que chaque pays tiendra à soutenir ses propres fabri-
cations
, aucun ne sacrifiant de gaieté de coeur ses industries et


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et ses usines. Ainsi un échantillonnage de matériels certainement
très intéressant en résultera-t-il, et on aboutira à la plus grande
disparité, à la plus grande dispersion des efforts et en définitive
le jour d'une bataille, à la plus grande difficulté de faire tra-
vailler
ensemble des armées qui auront une base de matériels entiè-
rement
différente.

Ce tableau, qui paraît être celui qui se dégage logique-
ment
de ce qui a été dit aujourd'hui, paraît très inquiétant.
L'objet du Mémorandum français était d'éviter cela, de l'éviter du
point de-vue de la bataille, de l'éviter parce que ces productions
séparées seront de beaucoup les plus coûteuses. Est-ce une exagé-
ration
de constater que ce sera la conséquence de ce qui vient
d'être dit? L'expérience qui a été faite dans un autre domaine,
dans celui du charbon et de l'acier, de la libre concurrence est
probant sur un point: c'est que dans la mesure où on a voulu
établir un marché commun, un marché de libre concurrence qui ne
soit pas arrêté par les frontières, un grand effort d'organisation
est nécessaire pour faire disparaître des disparités qui fausse-
raient
cette concurrence au détriment de certains des pays.

L'intention du Gouvernement français était, avec l'Agence
d'armement
, sur un plan différent d'ailleurs, et avec probablement
d'autres modalités, parce que l'industrie des armements est une
industrie différente des industries du secteur civil, de réaliser
une collaboration entre les pays de l'U. E. O., où les productions
ne fussent pas non plus arrêtées, compartimentées en raison des
frontières. Sans une institution chargée de faire ce travail il n'y
a pas d'espoir sérieux d'aboutir à une unification suffisante des
méthodes de production. Alors on arrive bien à la conséquence
que
M. PARODI/vient d'exprimer, c’est-à-dire à ce morcellement, à cet échantil-
lonnage, à la dispersion des efforts. Finalement les armées alliées


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trouveront au jour du danger les plus grandes difficultés parce
qu'elles auront un matériel trop diversifié.

C'est la seule remarque de M. Parodi aujourd'hui sur ce
qui vient d'être dit parce qu'il entend rester sur le plan de la
discussion générale et marquer seulement en face des critiques qui
ont été formulées, les conséquences extrêmement sérieuses d'une
attitude complètement négative à l'égard des propositions françaises.

Sir Christopher STEEL (Royaume-Uni) aimerait répondre
à deux points qui ont été soulevés par son collègue français.

1°) M. PARODI a dit que l'on arriverait à une espèce
d'anarchie dans le domaine des transmissions du fait qu'aucun
effort n'est fait en ce qui concerne la standardisation, mais à sa
connaissance, ceci est inexact. Beaucoup a été fait au sein de
l'OTAN pour standardiser les lampes et autres matériels électro-
niques
dans la pratique. On est en train d'établir des règlements
et c'est un des domaines où le plus grand progrès a été fait, et
ceci n'aiderait certainement pas si un autre organisme intervenait.

2°) L'autre point est une question soulevée par Sir
Christopher STEEL
lui-même: il n'est pas exact que l'Industrie
des armements soit une industrie séparée. L'industrie des armements
est partout une branche de l'industrie moderne et le premier exemple
à donner est l'industrie électronique qui fabrique les lampes qui
peuvent être utilisées en temps de paix aussi bien qu'en temps de
guerre. L'industrie aéronautique est un autre exemple où les moteurs
sont utilisés pour les deux sortes d'avions et d'aéronefs. Un
autre exemple enfin est l'industrie de l'automobile et il n'est
pas possible de séparer dans ces grands ensembles industriels ce
qui est armement et ce qui ne l'est pas. Les industries de guerre
sont liées assez étroitement à l'industrie de paix, l'industrie
atomique elle-même n'est pas exclusivement une industrie de guerre.
Par conséquent, dans tout Etat moderne les deux choses sont étroi-
tement
liées.


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M. ALESSANDRINI (Italie) partage largement les préoccu-
pations
qui ont été exprimées tout à l'heure par M. Parodi. Il
désire aussi rappeler ici la position de principe de la délégation
italienne
en ce qui concerne, en particulier, les buts d'intégra-
tion
européenne, étant donné que le Gouvernement italien voudrait
saisir toute occasion qui pourrait être susceptible de représenter
un progrès sur ce chemin.

L’Italie est vraiment désireuse de faire quelque chose de
pratique et de concret; elle serait donc très préoccupée si le
Groupe de Travail devait risquer d’arriver a la cristallisation de
positions trop divergentes.

C’est avec un très vif intérêt que M. ALESSANDRINI a
écouté Sir Christopher STEEL annoncer le dépôt d’un document bri-
tannique
, que la Délégation italienne étudiera avec la plus grande
attention, et qu’il a entendu M. le Professeur ERHARD déclarer que
certains principes de caractère européen sont à la base de l’atti-
tude
allemande. Il ne veut pas suggérer des décisions de caractère
immédiat, mais il se demande si M. Parodi pense présenter encore
ces propositions concernant la constitution de deux Comités tech-
niques
. Dans l’affirmative, M. Alessandrini se réserve de revenir
sur le texte déposé par la Délégation française, qui touchait
d'ailleurs à des sujets déjà évoqués par la plupart des orateurs
pendant la discussion d'ordre général. Notamment il aura des
considérations à exposer en ce qui concerne soit l'analyse des
conditions dans lesquelles la standardisation des matériels pour-
rait
être réalisée, soit les critères qui doivent guider les études
sur le marché des armements. Comme le disait M. le Professeur
Erhard
, il est nécessaire de faire certaines explorations qui ne
peuvent être que de détail et la Délégation italienne est pour sa
part, en faveur de la constitution de ces groupes d’études.


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PWG/CR/4

Le Délégué des Pays-Bas tient à affirmer que son Gouver-
nement
n'a aucunement l'intention d'aboutir a une organisation
désordonnée de la production des armements mais qu'il est au
contraire disposé à participer, au sein de l'OTAN, à une coopéra-
tion
amicale en vue d'éviter les inconvénients signalés par la
Délégation française.

Le Délégué de la Belgique précise que des divergences
d'opinions se sont manifestées seulement à propos du choix dos
moyens qui devrait faire l'objet d'une étude approfondie, les buts
à atteindre ayant été unanimement reconnus.

Le Délégué de la France estime en effet qu'il conviendrait
d'examiner dans quelle mesure un accord peut être réalisé en ce
qui concerne le choix de ces moyens.

III. Programme des travaux ultérieurs (note française PWG/A/8).

Compte tenu du fait que la Délégation britannique doit
présenter prochainement des propositions, le Président demande
s'il y a lieu de poursuivre le débat ou de fixer immédiatement la
procédure et le programme dos travaux.

Une discussion s'engage alors sur le point de savoir s'il
convient de confier à des experts l'examen de questions préalables
d'ordre technique sans attendre le dépôt des propositions britan -
niques.

Les Délégations reconnaissent l'utilité de créer dès
maintenant un sous-groupe d'experts chargés de faire une analyse
objective de certains aspects du problème dos armements, étant
entendu que ces études auraient pour seul but d'alimenter la dis-
cussion
générale.

Il apparait que le Représentant de l'OTAN pourrait faire
un exposé plus complot au sein de ce sous-groupe et il est entendu
qu'il s'agirait d'un simple exposé des faits qui ne donnerait lieu
à aucune discussion sur les méthodes employées par l'OTAN et sur
ses réalisations.


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PWG/CR/4

Des observations sont formulées sur la rédaction de la
note de la Délégation française relative à la constitution d'un
Groupe d'études chargé de la standardisation (cf. document PWG/A/8)

Certaines délégations proposent de lier le problème de
la standardisation avec celui d'une production coordonnée des ar -
mements.

La Délégation italienne a exprimé l'avis que la question
de la standardisation devrait être étudiée en tenant compte, entre
autres, des problèmes relatifs à la coordination des recherches
et des expérimentations.

Le Groupe de Travail décida de remettre au lendemain
la discussion de la rédaction d'un mandat pour un ou deux sous-
groupes
, afin de permettre aux délégations de réfléchir à une -
finition
plus précise de la compétence de ces sous-groupes. Il
sera peut-être utile, à la lumière des propositions qui seront
formulées, de créer un comité de rédaction chargé de mettre au
point les textes nécessaires.