Le 9 mai est célébré dans tous les États membres en tant que journée
de l'Europe, en souvenir de la déclaration
du 9 mai 1950 du ministre français des Affaires étrangères Robert
Schuman qui est conventionnellement considérée comme la date de
lancement de la construction européenne.
Ce jour-là, cinq ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale
, Robert
Schuman, ministre français des Affaires étrangères, propose,
dans un discours inspiré par Jean Monnet, la mise en commun des
ressources de charbon et d'acier de la France et de la République
fédérale d'Allemagne (RFA) dans une organisation ouverte aux autres
pays d'Europe.
La conférence
de presse se tient à 18 heures au salon de l'Horloge au Quai
d'Orsay. Plus de 200 journalistes français et étrangers ont été
convoqués pour assister à la déclaration de Robert Schuman sur la
mise en commun du charbon et de l'acier. Mais prévenus en dernière
minute, bien peu auront effectivement la possibilité d'être présents.
Seuls les journalistes basés à Paris se sont déplacés. Aucun photographe
n'assiste à l'événement. De même, ni la radio ni la télévision ne
sont présentes. Ce qui, pour l'anecdote, obligera bientôt Schuman
à enregistrer son fameux discours pour que la postérité puisse en
garder la trace.
La déclaration
souligne le rôle de la France dans la construction d'une Europe
solide, prospère et pacifique, reposant sur une base franco-allemande.
Elle ne se contente pas de fixer des objectifs, elle propose aussi
l'ouverture de négociations sur des bases précises. Elle trace la
mission d'une Haute Autorité, mentionnée pour la première fois sur
le parquet international. Sur l'insistance expresse de René Mayer,
ministre de la Justice et député de Constantine, la France, qui
ne peut plus faire face seule au financement de la mise en valeur
des territoires d'outre-mer, invite aussi, dans une déclaration
liminaire, les autres pays européens à participer en commun au développement
de l'Afrique.
Par le biais de cette déclaration quasi révolutionnaire, Robert Schuman et Jean Monnet veulent provoquer une onde de choc pour faire démarrer le processus d'unification européenne et provoquer un véritable sursaut psychologique pour emporter la conviction des peuples européens.
Robert Schuman sait qu'il faut agir vite afin de profiter de l'engouement
pro-européen déclenché par la déclaration du 9 mai 1950. Dès
le 20 juin 1950, il organise à Paris une conférence
chargée d'élaborer un projet de traité créant une communauté du
charbon et de l'acier.
Pour Schuman, l'idée d'une institution supranationale, seule institution énoncée dans la déclaration, doit être reprise dans le projet sans concession aucune. Avant d'engager les négociations sur les modalités techniques, il demande donc aux pays intéressés de se prononcer en faveur d'une autorité supranationale appelée "Haute Autorité".
Les gouvernements allemand, italien, belge, néerlandais et luxembourgeois acceptent cette recommandation même si le gouvernement néerlandais émet certaines réserves sur le rôle de la Haute Autorité telle que l'imagine du moins Jean Monnet. Les forces politiques britanniques rejetant toujours vivement le principe supranational, la participation directe de la Grande-Bretagne reste momentanément écartée.
Le 18 avril 1951, le traité
instituant la Communauté européenne du charbon et de l'acier
(CECA) est signé à Paris par Robert Schuman pour la France, Konrad
Adenauer pour la République fédérale d'Allemagne (RFA), Paul van
Zeeland et Joseph Meurice pour la Belgique, le comte Carlo Sforza
pour l'Italie, Joseph Bech pour le Luxembourg, Dirk Stikker et Jan
Van den Brink pour les Pays-Bas.
Le traité instituant la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA) crée plusieurs institutions chargées de la mise en commun du charbon et de l'acier européen et au-delà, du maintien de la paix en Europe:
- La Haute Autorité assistée d'un Comité consultatif;
- L'Assemblée commune;
- La Cour de justice;
- Le Conseil spécial de ministres.
La célébration du 9 mai n'est pas seulement l'anniversaire de l'acte fondateur du processus de construction de l'Europe. C'est aussi le moment de la prise de conscience d'une réalité actuelle et présente qui se renouvelle quotidiennement. Le fait de vivre dans une Union européenne fondée sur les principes de l'État de droit, possédant un système démocratique basé sur la souveraineté populaire et sur les valeurs désormais indiscutées et partagées par la très grande majorité des peuples européens. Et le sens de la fête doit consister justement à ne pas oublier le parcours accompli pour parvenir à l'affirmation de ces principes et de ces valeurs et, surtout, à ne pas considérer comme acquises les conquêtes réalisées.
La fête du 9 mai renouvelle ainsi chaque année l'occasion de rapprocher l'Europe et ses institutions des citoyens.
Pour en savoir plus:
Les
symboles de l'Union européenne - La journée de l'Europe
Dossier
thématique: Des origines du plan Schuman au traité CECA
Corpus
de recherche: Du plan Schuman au traité de Paris (1950-1952)
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