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Le vingtième siècle fut un siècle très mouvementé entre autre par la faute des deux guerres mondiales. Suite à celles-ci, les pays ravagés par la guerre devront tranquillement revenir à l'ordre et tenter de se reconstruire. Pour y parvenir l'Europe emploiera divers moyens tant au niveau économique, quand on pense à la communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA), diplomatique par le biais de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord aussi connu sous le nom de l'OTAN et militaire en faisant référence à la communauté européenne de défense. L'objectif de ce travail sera d'explorer ce projet européen de défense. Afin de faciliter sa compréhension, il est important de se pencher plus précisément sur le contexte historique de l'époque, la question du réarmement allemand, le fonctionnement de la communauté européenne de défense, ses conséquences à long terme ainsi qu'à court terme et pour finir, les raisons qui expliquent pourquoi ce projet ambitieux n'a pas fonctionné. Dans un premier temps, il sera question de présenter le climat qui régnait à l'époque où l'on voulu instaurer le projet de la communauté européenne de défense (CED). Peu après la Deuxième Guerre mondiale, l'Europe se retrouvait en plein cœur de la guerre froide opposant l'URSS aux États-Unis. En 1950, un autre conflit éclatait. Il s'agissait de la guerre de Corée menée par les Soviétiques. Afin de s'assurer la victoire et de prévenir la menace soviétique grandissante, en parti à cause de leur récente possession (en 1949) de l'arme nucléaire(1), les Etats-Unis firent appel à la force militaire de leurs alliés européens. Toutefois, afin de maximiser la défense du continent européen, il fallait songer à réarmer l'Allemagne. Malgré le fait que les Français, les Britanniques ainsi que les Belges s'y opposaient, ils durent faire des compromis car la défense complète de l'Europe était peu réaliste sans l'effort fourni par les Allemands. De plus, les États-Unis prévoyaient inclure l'Allemagne à l'OTAN(2) . Les autres pays membres de cette organisation étaient aussi en faveur de ce projet sauf les représentants français, britanniques et belges. La population française craignait aussi le réarmement de la RFA en grande partie à cause du tord causé lors de la Deuxième Guerre mondiale sous l'occupation allemande. Également, au même moment que la guerre de Corée, les troupes françaises étaient en pleine guerre avec l'Indochine et les soldats britanniques étaient impliqués en Malaisie(3). Le contexte était donc propice pour le projet du réarmement allemand. Un mois plus tôt, soit en mai 1950, Jean Monnet et Konrad Adenauer créait la communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA). C'est cette organisation qui servit de base pour la communauté européenne de défense. Un an plus tard, les négociations commencèrent entre les six pays membres de la CECA soit la France, la Belgique, l'Italie, le Luxembourg, les Pays-Bas ainsi que l'Allemagne de l'Ouest (RFA). Afin de soulager les peurs des français quant au réarmement allemand, Jean Monnet propose de constituer une armée européenne d'environ 100 000 hommes(4) qui comprendrait quelques bataillons allemands. Le pouvoir de cette armée serait détenu par un seul ministre de la défense. Le président du Conseil, René Pleven approuva ce projet que l'on nomma le plan Pleven. En 1952, durant la conférence de Paris, l'Assemblée nationale accepte ce dernier. Peu après, les pays membres du conseil abandonnèrent l'idée d'un unique ministre qui aurait le pouvoir de l'armée européenne. Ils préférèrent créer un Conseil des ministres. On maintenu également certaines armées nationales à l'intérieur de la grande armée européenne. La France, la Belgique, le Luxembourg, les Pays-Bas, l'Italie et l'Allemagne finissent par s'entendre et signe le Traité de Paris en 1952. Le projet final se différencie de celui auquel les français avaient d'abord songé. On parlait dorénavant d'une armée européenne comprenant près de 13 000 soldats se divisant en une quarantaine de divisions(5). La communauté européenne de défense eu alors le pouvoir de contrôler toute la production ainsi que le commerce du matériel militaire à travers l'Europe. Elle disposait d'un commissariat possédant les pouvoirs supranationaux (ou exécutifs) et le budget, un Conseil des ministres qui dirigeait la communauté de défense dans son ensemble en veillant à ce que toutes les décisions soient approuvées par tous les États membres du conseil, une Assemblée parlementaire composée de 87 parlementaires nationaux et une Cour de justice qui s'occupe de l'aspect juridique(6). La communauté européenne de défense avait le même fonctionnement que la CECA et était gouvernée par le commandant supérieure de l'OTAN. Le traité est donc conclu pour cinquante ans. Toutefois, il ne peut être exercé seulement après la ratification des membres du parlement de chaque pays représentant. On reprochait diverses choses à la communauté européenne de défense. Premièrement, les partisans du général De Gaulle soit les gaullistes, disaient qu'il n'y avait pas de possibilité pour l'Europe d'être complètement unie si les décisions de la CED devaient passer par les dirigeants de l'OTAN. De leur côté, les communistes trouvaient que la trop grande implication du bloc occidental par le biais de l'OTAN ne faisait qu'appuyer la division entre les deux parties de l'Allemagne(7). En 1954, durant la conférence de Bruxelles, la France présentait devant le Conseil afin de présenter de nouvelles idées pour la CED. Par contre, les autres pays n'acceptèrent pas les idées françaises. Après cela, ce fut la France qui décida de ne pas approuver le projet à l'Assemblée. C'est donc pour cela que le projet avorte(8). Plusieurs raisons expliquent pourquoi ce grand projet ne fut pas accepté par l'Assemblée. En voici quelques unes. Tout d'abord, les troupes américaines qui se retrouvaient en Europe ne paraissaient pas suffisantes pour contrer la menace soviétique. En effet, les Occidentaux n'avaient que quatorze divisions sur le terrain alors que les soviétiques en possédaient cent quatre-vingt(9). Donc, même avec la communauté européenne de défense, qui devait contenir environ une dizaine de divisions par pays membres, il aurait été impossible de vaincre la puissante armée soviétique. De plus, la France n'était pas capable de fournir davantage pour la CED car une trop grande contribution monétaire entraînerait de graves conséquences sur la reconstruction du pays ravagé par la Deuxième Guerre mondiale. La France n'était pas prête à remettre en cause la stabilité économique qui régnait pour assurer le réarmement(10). Également, le projet a avorté car bon nombre de pays européens membres du Conseil se méfiaient encore de l'Allemagne et craignaient de la remilitariser car ils ne souhaitaient pas que cet acte puisse se retourner contre eux. Ces pays s'inquiétaient aussi du soutien que les Américains fournissaient à l'Allemagne. En effet, les États-Unis exerçaient une certaine pression dans l'intention d'adoucir les mauvaises conditions de l'Allemagne(11). Dans un autre ordre d'idée, le rejet du projet de la communauté européenne de défense entraîna deux conséquences. À court terme, certains accords comme celui de Paris et de Londres agirent en faveur de l'Allemagne et aidèrent ce pays à former une nouvelle armée autonome. On décida enfin de faire confiance à l'Allemagne mais le réarmement était tout de même surveiller de près par les pays membres de l'OTAN. À long terme, on repoussa la question du armée commune pour l'Europe jusqu'à la fin de la Guerre froide et aux négociations du Traité de Maastricht(12). Ce traité souhaitait renforcer les pouvoirs du Parlement européen, établir la citoyenneté européenne ainsi que mettre de l'avant une union à la fois économique et monétaire(13). Pour conclure, malgré l'ambition du projet de la communauté européenne de défense, celui-ci n'est pas appliqué en grande partie à cause de la crainte des pays membres du Conseil face à l'Allemagne. Cet événement prouva que la France, en refusant le propre plan qu'elle avait lancé, n'était pas nécessairement prête à tout pour contribuer à fonder une Europe unie et préférait retarder le réarmement allemand plutôt que de prendre part à un projet de coopération. On peut supposer que la création d'une armée européenne commune aurait facilité la tâche aux Américains en ce qui concerne l'objectif qu'ils poursuivaient, c'est-à-dire, enrayer la menace soviétique. (1) (2)Le rejet de la ratification du traité instituant la Communauté Européenne de Défense. [En ligne]. http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/ced/sommaire.asp (Page consultée le 28 novembre 2008) (3)Nécessité du réarmement allemand par Étienne Deschamps [En ligne] www.ena.lu (4)L'idée de la CED (Étienne Deschamps) (5)Le rejet de la ratification du traité instituant la Communauté Européenne de Défense. [En ligne]. http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/ced/sommaire.asp (Page consultée le 28 novembre 2008) (6)La Communauté européenne de défense. [En ligne]. http://www.armees.com/La Communaute-europeenne-de.html (Page consultée le 28 novembre 2008). (7)Le rejet de la ratification du traité instituant la Communauté Européenne de Défense. [En ligne]. http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/ced/sommaire.asp (Page consultée le 28 novembre 2008) (8)ROY, Dominic. Histoire du XXe siècle : perspectives internationales. Québec : Modulo Éditeur, 2003. p. 268 (9)Nécessité du réarmement allemand (Étienne Deschamps) (10)Mémorandum au Président du Conseil (18 septembre 1950) (Fondation Jean Monnet pour l'Europe, [s.l.]. Archives Jean Monnet. Fonds AMG. 6/6/2.) (11)ROY, Dominic. Histoire du XXe siècle : perspectives internationales. Québec : Modulo Éditeur, 2003. p. 268 (12)Le rejet de la ratification du traité instituant la Communauté Européenne de Défense. [En ligne]. http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/ced/sommaire.asp (Page consultée le 28 novembre 2008) (13)Traité de Maastricht sur l'Union européenne. [En ligne]. http://europa.eu/scadplus/treaties/maastricht_fr.htm (Page consultée le 28 novembre 2008).